En quoi ont-elles constitué une plus-value pour le processus de rédaction ?
Ces études ont permis de mieux dimensionner la réponse en dressant l’état des lieux de la réalité de l’épidémie de VIH au Niger, en fournissant des données sur la prévalence du VIH au sein de la population générale et chez les populations clés. Elles ont aussi permis de mieux appréhender l’ampleur de la réponse, notamment sur les enjeux de dépistage, à travers une étude sur le dépistage démédicalisé. Suite aux recommandations de l’étude menée sur la stratégie nationale de dépistage du VIH différenciée et sa mise en œuvre, une stratégie de dépistage communautaire et les activités en découlant ont été intégrées dans la demande de financement.
La réalisation d’un audit de la file active et l’évaluation des 27 gros sites de prise en charge, ainsi qu’une étude sur les cas « perdus de vue » ont permis d’analyser les lacunes et les besoins, puis de faire des recommandations sur la prise en charge des patientes et patients séropositifs dans le pays. Sur cette base, un plan d’amélioration de 25 sites sera développé ultérieurement avec l’appui d’Expertise France. Un montant de 500 millions de francs CFA (762 200 d’euros environ) a été prévu à cet effet sur la somme allouée dans la demande de financement.
La complétude et la qualité de ces études a énormément facilité le travail des membres du groupe d’écriture chargé de contribuer aux développements des modules retenus dans le cadre de la demande de financement. Sur le volet renforcement des systèmes de santé (RSS), un grand nombre des activités relatives à la santé communautaire, au système d’approvisionnement ou encore au système d’information sanitaire découlent directement des études menées en amont. Les activités qui avaient été proposées ont été validées pour la santé communautaire (3 millions d’euros), le système d’approvisionnement en produits de santé (3 millions d’euros), le système d’information sanitaire et le système de gestion des laboratoires (2 millions d’euros).
Enfin, certaines activités proposées qui n’avaient pas fait l’objet d’études préalables ont été reportées sur la « somme au-delà » (PAAR) de la demande de financement. Il s’agit par exemple d’activités relatives à l’autodépistage du VIH, à la prophylaxie pré-exposition pour les populations clés, etc.
Quels sont pour vous les avantages d’une telle anticipation ?
Anticiper permet de mettre tous les acteurs et les actrices d’accord et de disposer de données suffisamment récentes et probantes pouvant permettre une bonne programmation. Je conseillerais aux autres pays de toujours anticiper l’écriture des demandes de financement, en prévoyant en amont des études permettant de répondre aux différentes lacunes programmatiques et de disposer de données actualisées et probantes. Ceci leur permettra de circonscrire leurs objectifs et les résultats attendus, et de mieux cibler leur performance.
Les membres du CCM, et notamment les représentants de la société civile, ont-ils été bien impliqués dans le processus d’élaboration de la demande de financement ?
Les représentantes et les représentants de la société civile ont été, d’une part, impliqués dans les équipes de mission du CCM chargées d’organiser le dialogue pays au niveau de toutes les régions et, d’autre part, dans la participation aux ateliers régionaux.
L’Initiative a octroyé au CCM Niger une subvention pour mieux impliquer les représentants de la société civile dans le processus. Il faut noter que c’est suite au plaidoyer des représentantes et des représentants de la société civile au cours de ce dialogue pays que la structure d’observatoire communautaire de la société civile a été retenue dans le module « prévention » de la demande de financement. Ils ont ainsi été impliqués dans le groupe d’écriture de la demande et ont fortement participé à l’écriture des modules prévention, dépistage différencié et prise en charge.
D’autre part, sur financement de L’Initiative, le consultant populations clés et le consultant national programmatique ont organisé au siège du Réseau nigérien des personnes vivant avec le VIH/sida (RENIP+) un atelier de présentation de la première mouture de la demande de financement. Cet atelier a permis aux représentantes et aux représentants de la société civile de vérifier si leurs préoccupations au cours du dialogue pays ont été bien prises en compte dans la demande de financement.
À titre personnel, je suis vraiment reconnaissant des efforts d’adaptation et de flexibilité de L’Initiative par la prompte réaction à prendre en compte la pandémie de la Covid-19 pour faciliter le travail des expertes et des experts et la continuité des interactions avec les membres du groupe d’écriture.
À l’avenir, que faudrait-il mettre en place pour s’assurer que le CCM et ses membres puissent participer activement à la définition du contenu de la demande de financement ?
Le bureau du CCM Niger doit impliquer les représentants de la société civile dans l’élaboration des termes de référence du processus de demande de financement des subventions. La société civile a besoin d’expertise en amont pour l’aider à mieux s’impliquer dans le processus d’élaboration des demandes. Les représentants de la société civile au CCM disposent d’une coordination qui doit pouvoir être associée par le bureau du CCM et son secrétaire permanent pour mieux suivre le processus et pouvoir à tout moment mobiliser les expertises nécessaires (interne ou externe) pour inclure leurs préoccupations légitimes dans la demande de financement.
Il faut également prévoir un dialogue pays pour discuter et faire valider la première mouture de la demande de financement par les représentantes et les représentants de la société civile dans les régions.
« Trop souvent, on constate que la demande est élaborée au niveau central, alors que sa mise en œuvre se passe au niveau périphérique. Si ce dernier ne s’approprie pas les activités et stratégies prévues, on court à l’échec dans la mise en œuvre »
Et après ? Une fois la demande de financement validée par le Fonds mondial, que recommanderiez-vous pour assurer une bonne mise en œuvre de la subvention ?
Avant la signature de la subvention, le CCM devrait toujours prévoir une mission d’expertise pour développer un plan d’assistance technique permettant d’améliorer la mise en œuvre des subventions du Fonds mondial.
L’Initiative peut demander également aux experts internationaux et nationaux chargés d’accompagner le pays dans les demandes de financement de développer un plan d’action pour l’assistance technique nécessaire à la bonne mise en œuvre de la subvention.