Le dépistage : clef de voûte de la lutte contre le VIH

4 décembre 2025

Début de visite au centre Turiho (« nous sommes vivants », en kirundi), le premier à avoir pris en charge et dépisté les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) de Bujumbura, qui assure aujourd’hui le suivi de plus de 3000 patients. C’est 50 % de la file active totale de l’Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et malades du sida (ANSS santé PLUS) – aussi soutenue par L’Initiative dans le cadre du projet Success qui lutte contre le cancer du col de l’utérus – que nous suivons dans leurs activités. Dans ce lieu d’accueil et de respect, se rendent chaque jour en moyenne 120 personnes, et plus de 300 lors de la semaine internationale du dépistage.

Certaines populations sont particulièrement exposées au risque, d’autant plus qu’elles sont stigmatisées voire criminalisées pour leurs pratiques ou orientations sexuelles. Pour elles, trouver un refuge de soin à l’abri de la délation relève de l’exception. C’est notamment le cas des hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH), de travailleuses du sexe (TS) et des usagers de drogues injectables (UDI), qui sont 30 fois plus touchés par le VIH par rapport à la population générale.

L’association communautaire BAPUD (Burundi Association of People who used drugs), partenaire de la SID, est d’ailleurs dédiée à ces derniers avec une offre de services incluant des traitements de substitution aux opiacés (TSO). 150 UDI en bénéficient mais les besoins humains se heurtent à la pression financière : la liste d’attente en compte déjà plus de 300 autres. L’ONG Society for Women and AIDS in Africa (SWAA) – affiliée à un mouvement panafricain de femmes pour la lutte contre le VIH/sida – compte quant à elle 6 cliniques de traitement antirétroviral (ARV) et 8 sites communautaires avec une file active de 4200 PVVIH au niveau national.

Burundi, le 19 novembre 2025 : Reportage pour Coalition Plus sur la prise en charge du VIH au Burundi. Visite de la clinique ARV Bujumbura de la SWAA Burundi, ONG de lutte contre le VIH/sida, affiliée à un mouvement panafricain de femmes pour la lutte contre le VIH/sida, la SWAA – Internationale. Au Burundi, l’ONG compte 6 cliniques ARV et 8 sites communautaires avec une file active de 4200 personnes au niveau national dont 1 600 dans cette clinique. Ici, l’entrée de la clinique.
Sur l’image, la consultation avec Dia, psychologue et Denis, usager de drogue sous TSO (traitement de substitution aux opiacés) et aujourd’hui pair éducateur pour le centre.
Reportage pour Coalition Plus sur la prise en charge du VIH au Burundi. Ici en présence de Isabelle, réceptionniste et Denis, usager de drogue sous TSO (traitement de substitution aux opiacés) et aujourd’hui pair éducateur pour le centre.
Accueil de la clinique ARV tenue par l’ONG SWAA de Bujumbura au Burundi. Puis, immersion au sein du BAPUD. A gauche, une consultation entre Dia, psychologue et Denis, usager de drogue sous TSO (traitement de substitution aux opiacés) et aujourd’hui pair éducateur pour le centre. A droite, Denis discute avec Isabelle, réceptionniste du centre.

En effet, les associations n’ont pas eu d’autres choix que de réduire sévèrement leur offre de soin au Burundi, notamment à cause des coupes budgétaires dues à l’arrêt du programme états-uniens PEPFAR et des financements de l’USAID. Elle demeure pourtant essentielle dans ce pays de 12 millions d’habitants qui, malgré des progrès importants ces dernières années, compte encore une personne séropositive sur cent et 12 % de transmission du virus mère-enfant (mais aucune au centre Turiho depuis bientôt 7 ans).

Bujumbura, Burundi, le 18 novembre 2025 : Reportage pour Coalition Plus sur la prise en charge du VIH au Burundi. Immersion au sein de BAPUD (Burundi Association of People who used drugs), association communautaire d’usagers de drogues. La file active de BAPUD est de 83 PVVIH, 150 UDI sous méthadone et liste d’attente de plus de 300 personnes. Sur l’image, distribution de préservatifs et gel à un pair éducateur du centre.
Bujumbura, Burundi, le 17 novembre 2025 : Reportage pour Coalition Plus sur la prise en charge du VIH au Burundi. Immersion auprès des équipes de l'Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et malades du sida (ANSS santé PLUS) à l'antenne de Bujumbura centre Turiho. Consultation mère-enfant : avec Clelia, PVVIH de 23 ans et sa fille Bella, 5 mois en entretien avec la Docteur Evelyne Maniraho, médecin au centre depuis 2019.
Bujumbura, Burundi, le 17 novembre 2025 : Reportage pour Coalition Plus sur la prise en charge du VIH au Burundi. Immersion auprès des équipes de l’Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et malades du sida (ANSS santé PLUS) à l'antenne de Bujumbura centre Turiho. Sur l’image Thibaut, responsable du projet HSH assure une séance de sensibilisation communautaire. Il s’entretient avec (de G.à D.) Dacosta, 29 ans, Alvin, 27 ans et Lavy, 27 ans sur la PrEP.
Au sein du BAPUD de Bujumbura, distribution de préservatifs et de gel à un pair éducateur du centre. Dans cette association dédiée à l’accompagnement des personnes qui utilisent des drogues injectables, la file active est de 83 PVVIH, 150 UDI sous méthadone et la liste d’attente compte plus de 300 personne. Sur les deux photos en-dessous, immersion auprès des équipes de l’Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et malades du sida (ANSS santé PLUS). A gauche Clelia, PVVIH de 23 ans et sa fille Bella de 5 mois se sont rendues au centre Turiho (Bujumbura) dans le cadre d’une consultation mère-enfant avec la Docteure Evelyne Maniraho. A droite Thibaut, responsable du projet HSH assure une séance de sensibilisation communautaire. Il s’entretient avec (de G.à D.) Dacosta, 29 ans, Alvin, 27 ans et Lavy, 27 ans sur la PrEP.

Au-delà du dépistage, la SID mobilise sur la prévention et l’accompagnement, non seulement des PVVIH, mais aussi des patients vulnérables. En 2024, 76 associations issues de 46 pays étaient présentes à l’événement. Ensemble, elles ont permis de dépister près de 85 000 personnes. Parmi elles, 29% de travailleuses du sexe, 23% d’homme ayant des rapports sexuels avec les hommes, 7,5% de migrants, 5,5% d’UDI et 3,8% de personnes incarcérées. 73% des dépistés positifs au VIH ont pu être référées vers les structures de soins adéquate.

Au sein des associations partenaires qui font de la SID un succès, les pairs éducateurs, ces relais au sein des communautés difficiles d’accès et qui en sont eux-mêmes partie intégrante, entretiennent un lien qui ne tient parfois plus qu’à un fil, faute de ressources.

Pleinement acteurs de l’offre de santé communautaire, ils rendent accessible un dépistage confidentiel et sécurisé dans un cadre accueillant et non-jugeant. En multipliant les moyens – au travers des centres de santé, des actions de terrain ou encore des auto-tests – l’action communautaire favorise le dépistage précoce des IST dont le VIH, les hépatites, les lésions précancéreuses. C’est un acte de prévention déterminant car les femmes vivant avec le VIH ont 6 fois plus de risque de développer un cancer du col de l’utérus. Grâce à eux, les bénéficiaires obtiennent une prise en charge adéquate, ce qui a pour effet de réduire les contaminations.

Bujumbura, Burundi, le 17 novembre 2025 : Reportage pour Coalition Plus sur la prise en charge du VIH au Burundi. Immersion auprès des équipes de l'Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et malades du sida (ANSS santé PLUS) à l'antenne de Bujumbura centre Turiho. Sur l'image, Christine, infirmière, est chargée du dépistage des lésions pré cancereuses du col de l'utérus, ici avec une patiente en entretien. C’est un acte de prévention déterminant car les femmes vivant avec le VIH ont 6 fois plus de risque de développer un cancer du col de l’utérus.
Bujumbura, Burundi, le 19 novembre 2025 : Reportage pour Coalition Plus sur la prise en charge du VIH au Burundi. Visite de la clinique ARV Bujumbura de la SWAA Burundi, ONG de lutte contre le VIH/sida, affiliée à un mouvement panafricain de femmes pour la lutte contre le VIH/sida, la SWAA – Internationale. Au Burundi, l’ONG compte 6 cliniques ARV et 8 sites communautaires avec une file active de 4200 PVVIH au niveau national dont 1 600 dans cette clinique. Sur l’image une consultation de dépistage des lésions pré cancereuses du col de l'utérus avec Speciose, bénéficiaire du centre. C’est un acte de prévention déterminant car les femmes vivant avec le VIH ont 6 fois plus de risque de développer un cancer du col de l’utérus.
Immersion à Bujumbura auprès des équipes de l’Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et malades du sida (ANSS santé PLUS) au centre Turiho (à gauche) et à la clinique ARV de l’ONG SWAA (à droite). Christine, infirmière au centre Turiho, est chargée du dépistage des lésions précancéreuses du col de l’utérus, ici avec une patiente en entretien. A droite, consultation de dépistage de ces lésions également par la SWAA.

En outre, le volet santé mentale est intégré à l’offre de soin, avec un accompagnement psychosocial qui cherche à lutter contre l’isolement et les discriminations. Car la stigmatisation, qui se traduit en violences psychologiques et physiques, a un impact réel sur la santé. Billy jeune activiste PVVIH du réseau Grandir Ensemble en est témoin. Sa séropositivité ne lui a été révélée qu’à l’adolescence et il l’a lui-même dissimulée jusqu’au début de ses études supérieures. Il s’est alors investi pour que d’autres n’aient pas à subir les mêmes stigmatisations. Il est devenu pair éducateur pour encourager le dépistage et épauler les jeunes qui découvrent leur séropositivité.

La Maison de la joie, quant à elle, recueille les orphelins du sida, aussi porteurs du VIH, comme Prince né d’une mère travailleuse du sexe. L’association donne un cadre, un accès aux médicaments et un refuge qui se construit sur la solidarité et le partage, à des enfants qui se seraient trouvés marginalisés et en danger de mort. Elle leur offre un avenir.

Bujumbura, Burundi, le 17 novembre 2025 : Reportage pour Coalition Plus sur la prise en charge du VIH au Burundi. Immersion à la Maison de la joie qui accueille actuellement 9 orphelins du sida, eux aussi porteurs du VIH. Pour la venue de Jeanne Gapiya Niyonzima, d’anciens pensionnaires de l’orphelinat sont revenus pour la saluer. Sur l’image une photo de groupe.
Immersion à la Maison de la joie, à Bujumbura, qui accueille actuellement 9 orphelins du sida, eux aussi porteurs du VIH. D’anciens pensionnaires de l’orphelinat sont revenus saluer Jeanne Gapiya Niyonzima qui a mis en place l’ANSS Santé PLUS pour accompagner les PVVIH.
Bujumbura, Burundi, le 17 novembre 2025 : Reportage pour Coalition Plus sur la prise en charge du VIH au Burundi. Immersion à la Maison de la joie qui accueille actuellement 9 orphelins du sida, eux aussi porteurs du VIH. Pour la venue de Jeanne Gapiya Niyonzima d’anciens pensionnaires de l’orphelinat sont revenus pour la saluer. Sur l’image Jeanne étreint Prince lors de son arrivée à la maison. Né d’une mère travailleuse du sexe, Prince est porteur du virus et a été recueilli en 2016.
Bujumbura, Burundi, le 18 novembre 2025 : Reportage pour Coalition Plus sur la prise en charge du VIH au Burundi. Immersion auprès des équipes de l'Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et malades du sida (ANSS santé PLUS) à l'antenne de Bujumbura centre Turiho. Sur l’image Billy, jeune activiste PVVIH du réseau Grandir Ensemble nous raconte sa vie avec le VIH. Sa séropositivité ne lui a été révélée qu’à l’adolescence et ce statut sérologique lui a fait honte et il l’a dissimulé jusqu’au moment où il a commencé ses études supérieures. Il s’est alors investi en tant que pair éducateur auprès des jeunes, pour lutter contre les discriminations, encourager le dépistage et épauler les jeunes qui découvrent leur séropositivité.
A gauche, Jeanne étreint Prince, enfant recueilli en 2016, né d’une mère travailleuse du sexe et porteur du VIH. A droite Billy, jeune activiste PVVIH devenu pair éducateur du réseau Grandir Ensemble.

Cette approche, centrée sur la santé communautaire comme complément indispensable des systèmes de santé classiques, marque le cœur de l’action de Coalition PLUS. Un objectif d’ailleurs poursuivi par la mise en œuvre d’Accès Santé 2, qui vise à renforcer les capacités des systèmes de santé communautaires et à influer sur les politiques de santé publique en valorisant pleinement le rôle de la paire-éducation.

C’est la raison pour laquelle le réseau associatif s’investit fortement dans le plaidoyer pour un meilleur accès au soin (disponibilité des intrants, dépistage et prise en charge). Dans ce but, les résultats probants de leurs activités sont analysés et partagés afin de mobiliser dans la lutte contre le VIH les leaders d’opinion et les décideurs, les professionnels de santé et les partenaires institutionnels.

Bujumbura, Burundi, le 17 novembre 2025 : Reportage pour Coalition Plus sur la prise en charge du VIH au Burundi. Immersion auprès des équipes de l'Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et malades du sida (ANSS santé PLUS) à l'antenne de Bujumbura centre Turiho. Sur l’image, le laboratoire avec Inès et Célénie, laborantines. Les prélèvements à analyser affluent en raison de la Semaine Internationale du Dépistage (VIH, hépatites, syphilis).
Bujumbura, Burundi, le 17 novembre 2025 : Reportage pour Coalition Plus sur la prise en charge du VIH au Burundi. Immersion auprès des équipes de l'Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et malades du sida (ANSS santé PLUS) à l'antenne de Bujumbura centre Turiho. Sur l’image, Nadine, responsable de l’encodage des données.
A Bujumbura, les équipes de L’ANSS santé PLUS s’activent au sein du laboratoire du centre Turiho. A gauche, Inès et Célénie analysent les prélèvements à qui affluent en raison de la Semaine Internationale du Dépistage. A droite, Nadine, responsable de l’encodage des données.

La diminution des contributions en matière d’aide au développement est palpable dans bien des états à revenu faible ou intermédiaire. Dernier coup dur en date, la dernière reconstitution du Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui a récolté moins de fonds qu’espéré, obligeant à réduire la voilure des soutiens accordés pour le triennat à venir.

Des centres de dépistage ferment, des services vitaux sont interrompus, des soignantes et soignants, pairs éducateurs et éducatrices perdent leur emploi. Derrière ces statistiques, ce sont des vies humaines qui sont en jeu. Des personnes, déjà parmi les plus précaires, sont privées de soins essentiels et de protection. Ces discriminations et coupures font le lit des pandémies sans égard aux frontières des pays.

Bujumbura, Burundi, le 18 novembre 2025 : Reportage pour Coalition Plus sur la prise en charge du VIH au Burundi. Immersion auprès des équipes de l'Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et malades du sida (ANSS santé PLUS) à l'antenne de Bujumbura centre Turiho. Une affiche qui alerte contre les discriminations envers les personnes LGBTQI+
Bujumbura, Burundi, le 18 novembre 2025 : Reportage pour Coalition Plus sur la prise en charge du VIH au Burundi. Immersion dans l’ONG RNJ+ (Réseau National des jeunes vivant avec le VIH) à l’occasion de la 6e Semaine Internationale du Dépistage. Ces usagères régulières du Centre sont des batwa, peuple autochtone d’Afrique centrale très déconsidéré au Burundi. Elles viennent dans ce centre prendre leur traitement mais aussi se reposer ou se laver.
A Bujumbura, au centre Turiho de L’ANSS santé PLUS, une affiche alerte contre les discriminations envers les personnes LGBTQI+. A droite, des usagères régulières du peuple Batwa – autochtones d’Afrique centrale très déconsidérés au Burundi – viennent prendre leur traitement mais aussi se reposer ou se laver dans le centre de l’ONG RNJ+ (Réseau National des jeunes vivant avec le VIH).

Pourtant, les actions de la SID – à l’image de celles du projet Accès Santé 2 – en matière de dépistage, d’observance des traitements, de guérison quand c’est possible et de promotion des comportements de santé positifs, s’accompagnent de résultats chiffrés sans appel. La réduction des contaminations, de la morbidité et de la mortalité, ou encore l’amélioration de la qualité de vie sont autant de preuves qui illustrent l’efficacité des investissements en santé mondiale.

Financer une offre de soin complète, accessible et équitable pour toutes et tous – y compris communautaire pour toucher les populations les plus exposées – n’est pas une charge mais un choix rentable. C’est un investissement qui permet de diagnostiquer plus tôt, de réduire les transmissions et de diminuer le poids qui pèse sur les systèmes de santé. Au sud comme au nord, investir dans la santé c’est économiser en misant sur la prévention plutôt qu’agir en urgence.

Consultez le rapport d’impact 2024 de la SID

Découvrez les chiffres derrières les actions de Semaine Internationale du Dépistage (SID), coordonnée par Coalition PLUS. Chaque année en novembre, cette semaine est organisée pour intensifier les initiatives de santé menées tout au long de l’année.

Couverture Rapport D'impact Semaine Internationale Du Dépistage (sid) 2024 (coalition Plus)

Photos du reportage : © Benjamin Girette pour Coalition PLUS

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