A l’occasion du colloque régional « Résilience, collaboration régionale et innovation dans la lutte contre le VIH », qui se tient du 22 au 24 octobre 2024 à Madagascar, Christophe Vanhecke, Conseiller régional en santé mondiale, partage avec nous sa vision des enjeux majeurs de cet événement et l’importance de la collaboration régionale pour lutter efficacement contre le VIH dans l’Océan Indien.
Christophe Vanhecke
Conseiller régional en santé mondiale
Quel est, selon vous, l’enjeu principal du colloque « Résilience, collaboration régionale et innovation dans la lutte » contre le VIH ?
Ce colloque existe depuis 20 ans, et son enjeu principal est de faire connaître la situation épidémiologique de chaque pays de la zone, ainsi que les pratiques et défis dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Cela inclut tant les aspects médicaux que ceux liés aux laboratoires et à l’accompagnement sociologique par les organisations de la société civile (OSC).
Ce colloque scientifique et social permet une collaboration toujours plus étroite dans la région pour une réponse efficace contre les infections sexuellement transmissibles comme le VIH ou encore contre les hépatites.
Cet évènement permet de faire le point sur les défis et opportunités au niveau étatique et régional, les stratégies étatiques et régionale de dépistage, prévention ou encore d’élimination de la transmission mère-enfant, l’appui aux populations clés et vulnérables ou encore sur l’engagement communautaire, la politique et la collaboration régionale.
En quoi la collaboration régionale est-elle un levier essentiel pour renforcer la lutte contre le VIH dans l’Océan Indien ?
Chaque pays de la région présente des profils épidémiologiques et des pratiques différents face au VIH, ainsi que des ressources financières et matérielles variées. La collaboration régionale permet d’échanger et de fédérer les bonnes pratiques entre pays. Elle contribue également à renforcer les capacités humaines et matérielles, dans le but de garantir une prise en charge plus équitable des PVVIH dans l’ensemble de la région.
Quels aspects innovants sont les plus prometteurs pour faire face aux défis posés par le VIH dans la région ?
Dans l’Océan Indien, beaucoup de patients d’origine malgache ou comorienne sont par exemple suivis à la Réunion ou à Mayotte. Dès lors, cette situation justifie une coordination intense et adaptée. Par ailleurs, cette collaboration régionale est un atout majeur.
La collaboration entre les acteurs, autant sur le plan médical que social, avec les OSC comme MAD AIDS ou PILS est importante dans la réussite de la gestion régionale.
L’innovation repose aussi sur l’accès inégal aux traitements et la gestion des intrants médicaux. Une coordination régionale pour les achats d’intrants pourrait représenter une avancée importante.
Comment la France, à travers son soutien, peut-elle contribuer de manière significative à la lutte contre le VIH dans l’Océan Indien ?
La France soutient déjà cette lutte dans l’Océan Indien, notamment à Madagascar, aux Comores et à Maurice à travers le Fonds mondial et L’Initiative – Expertise France qui soutient d’ailleurs ce colloque régional.
Tout de même, le renforcement des capacités et des ressources humaines est un axe essentiel et prioritaire pour nous. Ainsi, il pourrait être intéressant de contribuer davantage à la formation des médecins, infirmiers et agents de santé communautaire, à travers une formation régionale adaptée et partagée, qui améliorerait la prise en charge, la sensibilisation et la communication sur le VIH.
Quel message souhaiteriez-vous adresser aux participants du colloque et aux acteurs impliqués dans cette lutte régionale contre le VIH ?
Même si nous constatons une nette amélioration de la situation épidémiologique du VIH dans les pays de l’Océan Indien, le VIH reste un problème de santé publique majeur. Dans certains pays comme Madagascar, la prévalence est parfois sous-estimée et le risque de généralisation à la population générale existe. Il est crucial de sensibiliser et de communiquer à tous les niveaux : auprès des populations clés, des jeunes, des femmes enceintes, des personnes vulnérables et de l’ensemble de la population. En parallèle, il est nécessaire de toujours plus agir contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH. Enfin, la coordination régionale demeure indispensable pour partager les bonnes pratiques de prise en charge.