Gérès Ahognon, directeur du réseau EVA, revient sur la sixième édition du séminaire régional sur le VIH pédiatrique en Afrique francophone de l’Ouest et du centre qui a eu lieu du 21 au 23 septembre à Cotonou au Bénin.
Gérès Ahognon, directeur exécutif du réseau Enfants et VIH en Afrique (EVA)
Pourriez-vous nous parler de votre parcours et de vos activités au sein du réseau EVA ?
« Médecin spécialisé en santé communautaire avec un master en planification stratégique et opérationnelle, je suis le directeur exécutif du réseau depuis fin 2019.
Mon rôle en tant que directeur est tout d’abord de gérer le secrétariat exécutif avec le développement et le pilotage des différents programmes. Je mets en œuvre les orientations stratégiques du réseau, conduis le plaidoyer au niveau international, mène le réseautage et la promotion.
Je suis également chargé de la supervision de nos structures locales partenaires (nos partenaires de mise en œuvre des activités dans les différents pays) et viens en appui à nos points focaux nationaux (notre représentation dans les pays). »
Dans quel contexte le sixième séminaire régional sur le VIH pédiatrique s’est-il organisé et quel en était l’objectif ?
« Seulement 35 % des enfants vivant avec le VIH avaient accès aux traitements en AOC en 2020, le taux le plus faible au monde. Outre le taux de couverture, l’efficacité des traitements pose aussi un problème. Cependant, les nouvelles recommandations de l’OMS priorisant les protocoles optimisés chez les enfants constituent une révolution pouvant permettre une bonne prise en charge.
Malheureusement, la crise sanitaire de la Covid-19 a gravement affecté la mise en œuvre de la transition vers ces protocoles.
C’est donc dans ce contexte que nous avons organisé ce sixième séminaire régional, qui avait pour thème principal : Optimisation des traitements antirétroviraux pédiatriques avec comme objectif accroître le dépistage, la mise sous traitement et la qualité de vie des enfants vivants avec le VIH.
Il s’agissait à la fois de créer une opportunité pour nouer de meilleures synergies entre les soignants et les acteurs communautaires, et d’inciter les partenaires afin qu’ils s’engagent pour plus d’investissement sur le VIH pédiatrique. »
Ces objectifs ont-ils été atteints ? Quels ont été les moments forts de l’événement ?
« Le séminaire a accueilli 103 participants aux profils variés : représentants d’organisations communautaires, programmes nationaux de lutte contre le VIH, partenaires techniques et financiers, soignants et experts scientifiques. Plusieurs sessions ont été organisées autour des sujets suivants :
- identification et Dépistage ;
- optimisation du traitement chez l’enfant et l’ado (mise sous traitement, nouvelle formulation, passage à l’échelle) ;
- suivi des traitements ;
- prise en charge communautaire ;
- approvisionnement en ARV pour les pays à petite file active.
Au total, c’est plus de quarante communications qui ont été proposées aussi bien par les programmes nationaux, les soignants, les scientifiques, les communautaires que par les partenaires. Des discussions très riches en enseignements – au vu du caractère multidisciplinaire et multisectoriel du séminaire, ont suivi chacune des sessions.
L’identification et le dépistage des enfants, et le suivi des enfants mis sous traitement, sont les deux principaux points problématiques qui sont ressortis des échanges sur la prise en charge pédiatrique. »
Quelle suite sera donnée à ce séminaire ?
« La mise en œuvre des différentes recommandations avec des actions prioritaires qui s’articulent autour :
- du renforcement du plaidoyer afin que le VIH pédiatrique soit une priorité tant au niveau des partenaires qu’au niveau des programmes nationaux, ce qui devra se traduire par plus de financements dédiés, une meilleure planification des activités pédiatriques au sein des programmes et la valorisation de l’expertise communautaire ;
- d’un appui technique au programme pour la mise en œuvre des recommandations de l’OMS et la prise en compte des besoins spécifiques sur le volet pédiatrique dans les planifications ;
- de renforcement de capacités des acteurs à la base pour faciliter la décentralisation de la prise en charge et une meilleure synergie entre les soignants et le monde communautaire ;
- du renforcement des cadres d’échanges entre les pays et la mutualisation des efforts afin de capitaliser sur les bonnes pratiques et de régler les problèmes d’approvisionnement et de gestion des stocks. »
Le réseau Enfants et VIH en Afrique (EVA)
Le réseau pédiatrique EVA est né en 2010. Il est structuré administrativement en association de droit sénégalais depuis 2014. Il regroupe les pédiatres de seize des plus importants centres de pédiatrie dans douze pays d’Afrique francophone.
Le réseau est en partenariat étroit avec trois centres pédiatriques parisiens (hôpital Necker enfants malades, hôpital Robert Debré, hôpital Armand Trousseau). Tous les pédiatres du réseau sont impliqués de longue date dans la prise en charge des enfants infectés par le VIH.
Les principales activités du réseau incluent : i) la formation/renforcement des capacités des acteurs impliqués dans les soins et l’accompagnement des enfants et adolescents vivant avec le VIH ; ii) le plaidoyer au niveau des pays et au niveau régional pour une meilleure prise en compte du VIH pédiatrique, y compris les adolescents dans les plans stratégiques nationaux, la mobilisation de financements domestiques et les questions de formulations pédiatriques des antirétroviraux (ARV) ; iii) les études d’évaluations/ recherche opérationnelle en vue de documenter les pratiques et de mieux comprendre les observations et en faire des recommandations pratiques (guides pratiques, algorithmes…) à l’usage des praticiens de la sous-région ; iv) des activités communautaires d’éducation thérapeutique à l’intention des mères/personnes en charge des enfants en bas âge et des groupes d’autosoutien pour les adolescents.