L’Initiative et la lutte contre la tuberculose
L’Initiative soutient celles et ceux qui participent à la lutte contre la tuberculose. Depuis 2018, elle renforce ses appuis à la recherche opérationnelle afin de contribuer à la construction et à l’amélioration des stratégies d’intervention de lutte contre l’infection à la tuberculose notamment. La non-détection d’environ 40 % des malades et la pharmacorésistance bactérienne sont des défis majeurs pour l’élimination de la tuberculose. L’Initiative se mobilise ainsi au côté des acteurs pour améliorer les stratégies de dépistage et de prise en charge.
L’accès aux financements, un enjeu majeur dans la lutte contre la tuberculose
En 2020, la tuberculose représentait 20 % des missions d’assistance technique, pour un montant réalisé de 1 146 694 euros. Quatre projets ont été sélectionnés sur la composante tuberculose, représentant un volume financier de 4,583 millions d’euros dans cinq pays, au Myanmar, en Côte d’Ivoire, à Madagascar, au Niger et en Thaïlande. Nos porteurs de projets sur la tuberculose en 2020 : ONG Songes, Shoklo Malaria Research Unit (SMRU), ONG ATIA et Médecins du monde.
Soutenir la recherche pour tester de nouvelles stratégies
Les projets de recherche opérationnelle soutenus par L’Initiative visent des approches plus ciblées, adaptées et novatrices. Ils servent à identifier et tester des programmes qui, lorsqu’ils ont démontré leur efficacité, pourront ensuite passer à l’échelle, grâce à une intégration dans les stratégies pays et les subventions du Fonds mondial. En 2018, L’Initiative publiait son premier appel à projets dédié à la recherche opérationnelle. L’objectif : identifier les meilleures stratégies d’amélioration de l’accès au diagnostic et aux soins, puis de les mettre en pratique dans les politiques de santé sur la base de données fiables. Sur 27 notes conceptuelles, le comité de sélection des projets a sélectionné trois projets, pour un montant engagé de 2,44 millions d’euros en 2018.
En 2021, l’appel à projets dédié à la recherche opérationnelle se concentre à nouveau sur les projets pouvant améliorer la prévention et la prise en charge de la tuberculose auprès des populations les plus vulnérables.
Améliorer le dépistage et le diagnostic de la tuberculose
Dépister la tuberculose chez les enfants
Mis en œuvre par un consortium international coordonné par l’université de Bordeaux, le projet TB-Speed intervient dans six pays à forte prévalence : Côte d’Ivoire, Cameroun, Cambodge, Mozambique, Ouganda et Zambie. Il cherche à évaluer l’impact sur la mortalité et la morbidité de la détection précoce et systématique de la tuberculose chez les enfants atteints de pneumonie sévère. Le projet est cofinancé majoritairement par Unitaid, et une des composantes (TB-Speed Pneumonia) est prise en charge par L’Initiative au Cambodge, au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Mozambique.
Cette recherche est réalisée auprès de 3 800 enfants dans quinze hôpitaux partenaires à l’aide de matériels portatifs, qui permettent de réaliser des aspirations nasopharyngés, et de la plateforme GeneXpert Edge. Cette plateforme moléculaire de petite taille opérant sur batterie permettra de réaliser le test diagnostic moléculaire de tuberculose Xpert MTB/RIF Ultra sur des prélèvements de selles et des prélèvements nasopharyngés, plus faciles à réaliser en pratique que les méthodes habituelles de prélèvements.
Maurice : prendre en charge la tuberculose en milieu carcéral
Les populations qui vivent dans – ou à la frontière de – l’illégalité, stigmatisées, se retrouvent écartées de l’accès aux soins et à la prévention dans leur pays. Ces populations clés dans la lutte contre les pandémies sont les plus touchées par les maladies. À cause de la promiscuité forcée, les infections respiratoires et plus particulièrement la tuberculose font partie des pathologies les plus rencontrées en milieu carcéral.
À Maurice, L’Initiative soutien le projet porté par l’ONG PILS pour améliorer les soins de santé pour les détenus et anciens détenus vivant ou affectés par le VIH, le VHC et la tuberculose. L’Initiative apporte son appui au projet via un financement de 988 568 euros sur trois années. À travers le renforcement de l’accès au dépistage et aux soins pour les personnes détenues, le projet vise une amélioration du parcours de soins intra et postcarcéral, avec un volet psychosocial, favorisant le suivi et la réinsertion après l’incarcération.
Côte d’Ivoire : des soins adaptés, intégrés et accessibles aux usagers
À Abidjan, il existe des scènes ouvertes de consommation de drogues, appelées fumoirs. Disposés dans toute la ville, ils constituent des lieux de vente et de consommation de drogues pour les usagères et les usagers de drogues. Cette population est connue pour avoir des enjeux spécifiques de santé, notamment la tuberculose.
Le projet « Y’a pas drap », porté par Médecins du monde, vise à améliorer l’accès aux soins des usagères et des usagers de drogues précaires à Abidjan. Il a permis de faire converger les actions des ONG nationales, des acteurs communautaires et du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique en vue d’ouvrir des centres de prise en charge spécifiques. Notamment grâce au plaidoyer nourri par les données et les informations récoltées dans le cadre du projet, la ministre ivoirienne de la Santé a annoncé en février 2017 l’introduction de traitements de substitution aux opiacés dans le pays. Les nouveaux centres de prise en charge proposeront bientôt ces traitements : une première en Côte d’Ivoire.
Depuis 2018, L’Initiative soutient Médecins du monde dans la mise en place d’une unité d’addictologie au sein d’un centre de traitement communautaire pour favoriser l’accès aux soins des usagers de drogues.
Burundi : des services de prévention et de sensibilisation auprès des pêcheurs et mareyeuses
Au Burundi, la population des pêcheurs, des femmes mareyeuses, restauratrices et des enfants de cette communauté est exposée aux risques en matière d’infection au VIH, IST, de grossesses non désirées, à la tuberculose et au paludisme. Selon l’OMS, le taux d’incidence de la tuberculose au Burundi en 2017 est de 114 pour 100 000 habitants (tuberculose seule ou sur HIV +). Cette population, considérée comme populations clés par le Programme national intégré de lutte contre la tuberculose (PNILT), ne bénéficie pas encore d’interventions structurées et ciblées.
Depuis 2020, L’Initiative soutient le poste de santé mis en œuvre en 2014 par l’association Essentiel et son partenaire la SWWA Burundi. L’objectif ? Mettre en place une stratégie de prévention et de dépistage du VIH, des IST, de la tuberculose, du paludisme et des hépatites adaptée aux besoins des populations ciblées, via un ancrage communautaire fort et l’ouverture de deux nouveaux postes de santé. En 2020, 19 séances de sensibilisation et de prévention à la tuberculose ont été menées auprès de 810 personnes. 1 326 consultations ont été menées au total sur les trois postes de santé.
Renforcer la prise en charge de la tuberculose
Cambodge : pour un traitement préventif
L’étude OPTICAM (« Optimizing Latent Tuberculosis Treatment Initiation in Cambodia Among People Living with HIV ») est menée par le groupe de recherche clinique de l’unité d’épidémiologie et de santé publique de l’Institut Pasteur du Cambodge, en collaboration avec les programmes nationaux VIH et tuberculose du Cambodge et la Clinton Health Access Initiative.
Dr Laurence Borand, directrice du groupe de recherche clinique à l’Institut Pasteur du Cambodge, revient sur le traitement de la tuberculose latente et sur le projet de recherche opérationnelle OPTICAM financé suite à l’appel à propositions 2018.
Côte d’Ivoire : renforcer les acteurs communautaires
Le projet pilote RECAP TB, porté par Alliance Côte d’Ivoire et soutenu par L’Initiative, vise à renforcer l’accès des organismes à bases communautaires et des ONG aux financements de lutte contre la tuberculose et à insuffler une dynamique communautaire pérenne en matière de réponse à la tuberculose au Bénin, au Cameroun, au Niger et au Tchad.
Dr Madiarra Coulibaly-Offia, directrice exécutive de l’ONG Alliance nationale contre le sida en Côte d’Ivoire, revenait en 2019 pour L’Initiative sur l’importance de renforcer les organisations communautaires dans la lutte contre la tuberculose.