ARCAD Santé PLUS est désormais récipiendaire principale du Fonds mondial. En quoi est-ce un tournant important pour l’association ?
Le premier tournant dans la vie de notre association a été de devenir récipiendaire secondaire des fonds du Fonds mondial pour la prévention et la prise en charge communautaire des interventions VIH. C’était en 2006, après seulement dix ans d’existence. Cette année, afin de renforcer notre leadership communautaire national, nous nous sommes positionnés comme récipiendaire principal pour la subvention VIH/TB pour le cycle 2021-2023. Cet objectif – qui a été atteint – est un événement extrêmement important sur le plan national au Mali et pour l’évolution de notre structure. C’est aussi la reconnaissance que le recours au savoir-faire communautaire s’avère incontournable pour la prévention, la prise en charge et le suivi des patients dans les interventions de lutte contre le VIH/sida et la tuberculose.
Comment avez-vous procédé et comment L’Initiative vous a-t-elle appuyé ?
Pour nous, l’assistance technique de L’Initiative a agi comme un catalyseur.
En sollicitant le Fonds mondial, nous connaissions nos lacunes en matière de gestion financière et programmatique. Nous avons donc contacté L’Initiative pour qu’elle nous aide à adapter nos procédures de gestion aux exigences du Fonds mondial. J’ai rencontré l’équipe de L’Initiative à Paris et tout a ensuite été très vite. Après un diagnostic, les axes de consolidation de notre structure ont été identifiés et une mission d’assistance technique a été mise en place.
Le rôle d’Alliance Côte d’Ivoire, une association sœur, récipiendaire principale du Fonds mondial depuis dix ans, a également été essentiel. À travers une mission d’assistance technique de L’Initiative, plusieurs experts d’Alliance Côte d’Ivoire nous ont formés sur la prise en charge communautaire de la tuberculose à Bamako, en janvier 2020. Cela nous a permis d’intégrer la tuberculose dans nos interventions de lutte contre le VIH et de mieux comprendre le rôle des acteurs communautaires et des organisations de la société civile dans la prise en charge de cette maladie.
Quelles sont les exigences du Fonds mondial en gestion financière et programmatique ?
Le Fonds mondial exige une gestion robuste. Chaque dépense faite doit être éligible aux financements et les fonds débloqués doivent être redistribués dans les règles de l’art. Appuyés par L’Initiative, nous avons intégré à notre fonctionnement tout un arsenal d’outils financiers. Jusque-là, comme dans toutes les organisations communautaires nationales, notre mode de fonctionnement était beaucoup plus flexible.
La gestion programmatique doit rentrer dans un cadre tout aussi rigoureux. Nous sommes évalués tous les six mois à l’aune d’un certain nombre d’indicateurs comme le nombre de populations clés ayant bénéficié d’un paquet de service prévention (éducation et information, mise à disposition des kits de prévention au profit des usagers de drogue et des travailleuses du sexe, dépistage communautaire, etc.).
Nous travaillons avec des agents de santé dans des structures de santé périphériques. Dans les régions reculées du Mali, nous proposons par exemple des dépistages VIH aux femmes enceintes et un screening verbal pour s’assurer qu’elles ne présentent pas de signes indicateurs de la TB. Nous intervenons également pour faire de la détection et de la prévention dans les familles des malades. Dans les zones situées au nord du pays, nous collaborons avec les ONG humanitaires qui sont acceptées par les groupes rebelles. Et ce sont toutes ces activités que nous devons programmer et suivre très précisément.
Finalement, c’est le cœur de notre ADN communautaire qui est évalué.
Quels conseils donneriez-vous aux associations communautaires d’autres pays qui souhaiteraient devenir récipiendaires principales ?
Les organisations communautaires nationales n’ont souvent ni les capacités ni les moyens de se positionner face aux ONG internationales très présentes, mais il faut faire preuve de persévérance.
ARCAD Santé PLUS démontre que l’accès aux financements du Fonds mondial est à la portée des organisations nationales, pour peu qu’elles s’y prennent suffisamment tôt et qu’elles acceptent d’être aidées. Il s’agit d’actionner les bons leviers.