Le docteur Joël Ateba, secrétaire permanent du programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) du Cameroun, revient sur l’appui apporté par L’Initiative dans le cadre de la rédaction des demandes de financement pour le GC7 du Fonds mondial.
Joël Ateba
Secrétaire permanent du programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) du Cameroun.
Quelle est la situation épidémiologique du paludisme au Cameroun aujourd’hui ?
Le Cameroun est l’un des pays les plus touchés par le paludisme, avec près de trois millions de cas par an. Cette maladie représente environ 28 % de toutes les consultations médicales et est responsable de 7 décès pour 100 000 habitants chaque année. Bien que la mortalité ait significativement diminué ces dernières années, la morbidité reste élevée. Nous faisons face à des défis comme la résistance aux insecticides dont les moustiquaires sont imprégnées. Cela nous oblige à nous tourner vers des solutions plus onéreuses. Les insuffisances dans le diagnostic, dans la classification des cas et le non-respect des directives de prise en charge sont à l’origine d’un taux anormalement élevé de cas graves rapportés. Cela conduit à une utilisation excessive de traitements injectables coûteux, impactant ainsi lourdement notre budget pharmaceutique.
Quelle est l’importance du partenariat avec le Fonds mondial et comment se déroule une demande de financement ?
Le partenariat avec le Fonds mondial est vital, littéralement. Il soutient financièrement une grande partie de nos activités dans huit des dix régions du pays : la fourniture de médicaments et autres intrants, l’acquisition de moustiquaires imprégnées d’insecticides à longue durée d’action, le renforcement des capacités des prestataires, la formation, l’équipement, la supervision et la prise en charge des agents de santé communautaires.
La demande de financement est la clé pour accéder aux subventions. Ce processus nécessite la collaboration de nombreux acteurs, incluant les représentants de la société civile, les populations clés, les experts et le ministère de la Santé. Nous recevons l’appui de l’assistance technique qui facilite le travail dans ce processus complexe. La rédaction de la demande est donc un travail collectif, dans lequel chaque partie prenante contribue à la formulation d’une proposition cohérente, fondée sur des évidences selon un canevas arrêté, dans un chronogramme connu.
Quels défis avez-vous rencontrés lors de la préparation de la demande de financement pour le nouveau cycle (GC7), et comment L’Initiative a-t-elle soutenu ce processus ?
La préparation du GC7 a été particulièrement complexe à cause de la coïncidence des calendriers. Nous avons dû élaborer un nouveau plan stratégique en parallèle de notre demande de financement, une première pour nous, habituellement le plan stratégique est déjà validé et mis en œuvre.
Nous avons donc dû gérer, à la fois, la rédaction du nouveau plan et la préparation de la demande de financement, en veillant à ce que les enjeux et choix stratégiques soient clairement définis et alignés. Cette simultanéité a nécessité une phase d’évaluation et de rédaction intense.
Dans ce contexte, l’appui technique de L’Initiative s’est révélé essentiel pour nous accompagner dans la rédaction des demandes de financement pour le GC7 et dans l’élaboration du plan stratégique associé. L’assistance technique a inclus des experts locaux et internationaux, adaptant les interventions aux particularités locales afin d’optimiser nos stratégies.
Quelles sont les innovations du nouveau plan stratégique contre le paludisme au Cameroun ?
Notre nouveau plan stratégique introduit des innovations comme la vaccination contre le paludisme, une stratégie de prévention qui n’était pas présente dans le plan précédent. C’est une avancée significative pour nous.
En outre, nous avons considérablement amélioré la stratification et le ciblage de nos interventions. Désormais, nos actions sont spécifiquement adaptées aux réalités locales de chaque district de santé. Par exemple, l’utilisation des moustiquaires et les autres mesures de prévention varient en fonction du contexte spécifique de chaque région. Cette approche ciblée nous permet d’optimiser l’utilisation de nos ressources et de renforcer l’efficacité de nos interventions.
Enfin, nous continuons de perfectionner les stratégies que nous avions déjà mises en place. Ce processus d’optimisation, que nous avons renforcé dans ce nouveau cycle, vise à améliorer la mise en œuvre des interventions existantes, y compris au niveau communautaire. Le but est de garantir la continuité des services avec une attention particulière à la levée des barrières liées au genre et aux droits humains.
Quelles sont les perspectives pour la lutte contre le paludisme au Cameroun ?
À court terme, notre objectif est de consolider la baisse de la mortalité et de la morbidité liées au paludisme. À moyen terme, nous visons l’élimination durable de la maladie, en nous appuyant sur les stratégies établies dans notre plan stratégique et grâce au soutien continu du Fonds mondial et de L’Initiative.