Chaque année, le 14 novembre, se tient la journée mondiale du diabète (JMD). Cette journée vise à sensibiliser sur la maladie, sa prise en charge et sur les moyens de la prévenir. Elle est menée à l’initiative de la Fédération internationale du diabète (IDF) et relayée dans plus de 160 pays. Le thème des journées contre le diabète 2021-2023 est « accès aux soins du diabète ».
Selon l’IDF, 537 millions d’adultes vivaient avec le diabète en 2021. D’après les estimations, d’ici 2045, 783 millions de personnes devraient être affectées par cette maladie, en constante progression. En 2021, le diabète a causé plus de 6,7 millions de morts. Le diabète est un fléau qui touche également l’Afrique, avec 24 millions d’adultes touchés, un chiffre qui devrait doubler d’ici 2045.
Comorbidités : diabète, tuberculose et VIH
Les personnes atteintes de comordibités, comme le VIH et la tuberculose, y sont vulnérables. Une part importante d’entre elles est atteinte par ces comorbidités, et une approche spécifique doit être mise en place. Pour le diabète et la tuberculose, on parle de « coépidémie », pour le diabète et le VIH, on souligne le lien étroit entre lipodystrophie et insulinorésistance ou diabète. Une approche intégrée est donc essentielle.
Le projet de l’ONG Santé diabète
Afin de proposer une approche spécifique pour ces personnes en situation de comorbidité, l’ONG Santé diabète a initié un premier projet sur l’ « Amélioration des compétences des personnels intervenant dans la santé dans la prévention et la prise en charge conjointe diabète/tuberculose et diabète/VIH au Burkina Faso et au Mali », financé par L’Initiative et mis en œuvre entre mars 2017 et juin 2021.
En 2020, ce projet a permis au Burkina Faso et au Mali la formation de trente médecins et de trente paramédicaux pour la gestion clinique et l’éducation de patients présentant une copathologie (diabète/tuberculose et/ou diabète/VIH) et, en lien avec les ministères en charge de la santé, la formation de 324 professionnels de santé et l’appui, dans chaque pays, au développement d’actions d’éducation thérapeutique par les professionnels de santé, la formation de 28 pairs éducateurs issus des 9 réseaux communautaires pour assurer des actions pilotes de prévention ciblées auprès des personnes vivant avec le VIH (PVVIH), de personnes atteintes de diabète et de tuberculose. Le projet a vu la participation de 924 personnes en séance d’animation, dont 867 PVVIH et 57 personnes atteintes de diabète.
Dans un rapport d’évaluation externe de la première phase, en décembre 2020, le projet a été jugé : « Pertinent et cohérent car il répond à des besoins sanitaires identifiés. Il vise à combler l’absence de prise en charge de comorbidités aux lourdes conséquences sanitaires dans un contexte de prévalence croissante du diabète. Il s’inscrit dans les politiques de santé publique des deux pays. Il vise à renforcer l’ensemble de la chaîne de soins intervenant dans la prise en charge conjointe diabète/TB et diabète/VIH du niveau universitaire au niveau communautaire, favorisant ainsi une prise en charge globale des patients. Enfin, il est complémentaire des actions menées dans les deux pays dans le cadre des financements du Fonds mondial.». Le projet est également considéré comme « novateur par le fait qu’il promeut la prise en charge transversale de différentes pathologies (comorbidités) et la collaboration interdisciplinaire au sein du système sanitaire. Il s’inscrit également dans une politique de santé publique globale de dépistage et de prise en charge de la maladie diabétique mise en œuvre par l’ONG Santé diabète (SD) conjointement avec les autorités de santé depuis une dizaine d’années ».
Une seconde phase
Faisant suite à la réussite des actions entreprises lors de la première phase, un second projet de trois ans (2021-2024) est de nouveau financé par L’Initiative afin d’étendre, au Mali et au Burkina Faso, le nombre de professionnels de santé (médecins et paramédicaux) formés pour une prise en charge intégrée des comorbidités diabète/VIH et diabète/TB, mais aussi d’étendre les actions de prévention du diabète chez les personnes atteintes par le VIH et les actions de prévention du VIH chez les personnes atteintes de diabète.
Il permet aussi d’étendre le projet à un nouveau pays en répliquant, aux Comores, les activités de prévention et de renforcement des compétences des professionnels de santé mises en œuvre au cours du premier projet au Mali et au Burkina Faso.
Ce nouveau projet vise également à développer un plaidoyer auprès des ministères de la Santé et des CCM des trois pays afin d’inclure des actions autour des comorbidités diabète/VIH et diabète/TB dans la prochaine subvention pays du Fonds mondial.
Ce film, produit par Santé diabète et réalisé par Aba Sangare, présente les actions menées dans le cadre de la première phase de ce projet au Burkina Faso et au Mali, avec le soutien de L’Initiative. Ce film, d’une durée de huit minutes, a été tourné en 2021 et est pour la première fois diffusé à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le diabète 2022.
Particulièrement convaincue de l’intérêt de créer des passerelles entre les projets et les porteurs soutenus, L’Initiative a impulsé une dynamique d’échanges entre les équipes de Santé diabète et celles impliquées dans le projet VIHeillir Ensemble afin de faciliter le partage d’expériences sur la prise en charge des comorbidités diabète/VIH.
VIHeillir Ensemble
Le projet VIHeillir est un projet multipays porté par l’Institut Bouisson Bertrand. Il a pour objectif d’améliorer la santé des personnes vivant avec le VIH de plus de 50 ans au Cameroun et au Sénégal en intégrant la prise en charge des cinq comorbidités prioritaires durant les visites de routine, adaptant les stratégies qui ont fait leurs preuves pour les soins du VIH et en utilisant le plus possible les dispositifs déjà existants entre la clinique et la communauté.
Les cinq comorbidités prises en charge par le projet sont le diabète, l’hypertension artérielle, les lésions précancéreuses du col de l’utérus chez la femme et les hépatites B et C.
L’impact espéré du projet est la réduction de la mortalité et l’amélioration de la qualité de vie des PVVIH de plus de 50 ans. Les bénéficiaires de ce projet sont les PVVIH de plus de 50 ans qui consultent dans les services de prise en charge identifiés pour la mise en place du projet, le personnel soignant (médical et paramédical) et les acteurs communautaires (associations identifiées).
Le projet est mis en œuvre :
- au Cameroun, à l’hôpital militaire Yaoundé et à l’hôpital de district de Bafia ;
- au Sénégal, au Centre régional de recherche et de formation à la prise en charge clinique de Fann (CRCF) , au Centre de traitement ambulatoire (CTA) du CHU de Fann et au Service de prise en charge du VIH du programme sida des Forces Armées de l’Hôpital Militaire de Ouakam (HMO).
À écouter
« Sidaction: la lutte contre le sida est toujours d’actualité », un reportage RFI Afrique d’Amélie Tulet au Cameroun sur le vieillissement des personnes atteintes du VIH. On y parle du projet « Bien vieillir avec le VIH » VIHeillir financé par L’Initiative.