Retrouvez notre série de focus régionaux sur les impacts de L’Initiative lors du dernier triennium (cycle de financement 2020-2022) à travers les témoignages de différents porteurs et porteuses de projets soutenus.
Les enjeux
Dans un contexte politique complexe, les indicateurs épidémiologiques du Burundi se révèlent préoccupants, en particulier concernant les populations clés. Alors que le taux de prévalence du VIH est de 0,9 % parmi la population générale, il atteint 21,3 % chez les professionnelles du sexe et 4,6 % chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (rapport OMS 2016-2018).
Par ailleurs, le paludisme – qui sévit sous forme endémo-épidémique, tout comme la tuberculose – constitue la première cause de morbidité au Burundi, soit 12,1 % des motifs de consultations dans les centres de santé. Chez les populations à risque, le taux d’incidence atteint environ 25 %. En collaboration avec le ministère de la Santé et ses partenaires, L’Initiative privilégie une approche intégrée pour le VIH, la tuberculose et le paludisme, indispensable pour améliorer la qualité et l’accès aux soins parmi la population burundaise. Face à une couverture sanitaire inégalitaire, l’enjeu est donc de renforcer les systèmes de santé, mais aussi l’implication et les capacités des populations directement touchées par ces pandémies.
La réponse de L’Initiative
Engagée depuis de nombreuses années au côté du Burundi, L’Initiative œuvre sur place à travers divers financements de projets et missions d’assistance technique. Parmi les objectifs poursuivis, ces actions cherchent à impliquer plus étroitement les acteurs institutionnels et communautaires dans la lutte contre les pandémies et l’élargissement de la couverture sanitaire.
Quels défis la gestion des subventions du Fonds mondial posait-elle ?
Depuis 2018, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) gère l’essentiel des ressources du Fonds mondial au Burundi. Si cet arrangement a permis une continuité des services de santé aux populations, il se révèle coûteux et prive le pays de ressources qui pourraient être utilisées pour financer un système de santé durable. Il ne permet malheureusement pas de renforcer les capacités nationales à long terme.
Qu’a apporté l’assistance technique de L’Initiative ?
L’UGADS, qui a pour mission de gérer les financements internationaux alloués au secteur de la santé au Burundi, n’a été créée qu’en 2020. L’appui de L’Initiative se révèle inestimable pour combler un certain manque d’expérience. À court terme, des consultants nous ont aidés à rédiger des manuels de procédure ou de suivi-évaluation pour améliorer les pratiques. À long terme, un expert nous épaule au quotidien dans la gestion des subventions du Fonds mondial : planification de leur mise en oeuvre, négociations avec nos partenaires, mise en place d’outils de gestion, renforcement des capacités de nos équipes…
Quels sont vos prochains objectifs ?
Nous souhaiterions voir l’appui de L’Initiative se prolonger pour maximiser nos chances d’accroître le volume de fonds gérés par le pays. Parallèlement, nous allons poursuivre la mise en oeuvre du plan de renforcement des capacités nouvellement formulé. Cela passera notamment par des missions d’échanges d’expériences avec d’autres unités de gestion bâties sur le même modèle en Afrique.
Kény-Néilla Ishimwe, jeune ambassadrice du réseau Grandir Ensemble et paire-éducatrice à la SWAA Burundi
« Au Burundi, les adolescents et jeunes vivant avec le VIH sont reconnus comme une population vulnérable, mais pas comme une population clé. Ils subissent donc un retard important dans l’accès à des médicaments adaptés et aux examens de suivi biologique. Pour les aider à défendre leurs droits, la société civile se mobilise à travers des associations locales réunies au sein du réseau Grandir Ensemble. Ainsi, les projets ADOS et SSR, portés par Sidaction et mis en œuvre par l’ANSS et la SWAA, ont pour mission de sensibiliser sur le VIH pédiatrique, d’améliorer la prise en charge psychosociale et médicale des adolescents et jeunes porteurs du VIH et de faire de ceux-ci des acteurs majeurs de la lutte contre la pandémie. À cet égard, L’Initiative nous apporte une aide précieuse dans le renforcement des capacités des acteurs communautaires – pairs-éducateurs compris. En nous permettant de mieux nous structurer, elle favorise la mise en place d’un plaidoyer national, indispensable pour se faire entendre auprès des décideurs et améliorer notre situation. »