À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le VIH 2024, Hélène Roger réaffirme l’engagement de l’association en faveur de l’éradication de la pandémie d’ici à 2030. La directrice du pôle Analyse et plaidoyer de Sidaction revient sur les enjeux cruciaux que représentent le VIH pédiatrique et le renforcement du plaidoyer. Elle évoque également la collaboration de longue date entre Sidaction et L’Initiative, qui s’inscrit dans la volonté de renforcer l’impact des actions menées dans la lutte contre le VIH.
Hélène Roger
Directrice du pôle Analyse et plaidoyer de Sidaction
Quel message porte Sidaction pour cette journée mondiale de lutte contre le VIH 2024 ?
Hélène Roger : Nous voulons remobiliser sur les questions de lutte contre le sida. L’épidémie est encore là, elle existe toujours. Si nous baissons les bras aujourd’hui, nous renonçons à y mettre fin d’ici à 2030. Nous ressentons un essoufflement sur les questions liées au VIH. Il faut que 2030 soit un vrai rendez-vous dans l’éradication du VIH.
Comment Sidaction s’engage pour atteindre cet objectif ?
Hélène Roger : Nous voulons donner aux acteurs de la lutte contre le sida les moyens d’agir. Pour ce faire, nous nous mobilisons sur la question du financement, que ce soit par le Fonds mondial ou par l’aide publique au développement. Nous nous focalisons également sur des thématiques comme la prise en charge du VIH pédiatrique en Afrique francophone pour faire reculer l’épidémie chez les enfants et les jeunes. Au-delà du soutien financier à des activités de terrain, nous travaillons également sur le développement du plaidoyer pour faire vivre ces sujets au niveau politique. Le plaidoyer s’appuie notamment sur une capitalisation des meilleures pratiques et des savoirs issus des projets de terrain pour qu’ils soient partagés aux pouvoirs publics et nourrissent les politiques publiques et les stratégies nationales.
Vous siégez au comité de pilotage de L’Initiative. Quel est votre rôle ?
Hélène Roger : Depuis 2015, j’y siège en effet en tant que représentante de la société civile. Sidaction apporte une expertise sur les questions VIH, ainsi que sur toutes celles relatives aux droits et santé sexuels et reproductifs, à la question des enfants, des adolescents et des jeunes vivant avec le VIH, et plus largement à la représentation des personnes concernées.
Au sein du comité de pilotage de L’Initiative, nous étudions et émettons un avis sur les projets soumis via les appels à projets. Nous avons 3 voix pour la société civile, réparties entre 6 organisations de la société civile (3 titulaires et 3 suppléants) et nous sommes particulièrement vigilants à l’inclusion des bénéficiaires au sein des programmes. Nous portons aussi une attention spécifique aux enjeux de droits humains et de gouvernance. Nous participons aux travaux à plusieurs niveaux : que ce soient les grandes priorités stratégiques de L’Initiative, en lien avec la stratégie française en santé mondiale, ou l’amélioration du dispositif pour le rendre plus clair et efficace, sur des questions assez techniques et précises relatives aux modalités d’accès des appels à projets, par exemple. Sidaction partage son expertise de bailleur dans la gestion de ces appels à projets.
Des projets sont également proposés par Sidaction à L’Initiative, via les appels à projets ou via L’Accélérateur. Bien sûr, dans le respect des règles de conflit d’intérêts, je me retire du comité lors de la discussion sur nos projets. Nous allons même plus loin en ne participant pas du tout à la sélection des projets des thématiques d’appels à projets auxquelles nous avons postulé.
Pouvez-vous nous parler de l’un des projets marquants menés par Sidaction grâce au soutien de L’Initiative ?
Hélène Roger : Je reviens sur la question du VIH pédiatrique. La prévention, le dépistage et la prise en charge accusent un retard important en Afrique francophone. Nous avons été accompagnés par L’Initiative pour le projet Passerelles dédié au VIH pédiatrique. Nous avons structuré un groupe de jeunes ambassadeurs dans la région, qui est accompagné par les associations du réseau Grandir Ensemble. Ils se mobilisent pour leurs droits et pour participer aux processus décisionnels quant aux sujets qui les concernent, consolidant ainsi leur leadership. L’objectif est qu’ils soient davantage et mieux pris en compte dans les politiques publiques pour améliorer in fine l’accès des jeunes aux services de prévention et de prise en charge du VIH.
Comment qualifieriez-vous le travail de L’Initiative ?
Hélène Roger : L’Initiative est à l’écoute des organisations de la société civile. Il y a de réelles discussions lorsque nous partageons notre expertise et que nous faisons remonter des points de vigilance ou des problématiques tirés de notre expérience de terrain. Par ailleurs, L’Initiative a une connaissance très fine des enjeux autour du VIH, comme de la tuberculose et du paludisme, dans les pays concernés par ses financements. Elle a une volonté constante d’amélioration de la qualité et de la pertinence de ses actions. Nous travaillons ensemble de façon constructive et dans un climat de confiance.