L’Initiative, en partenariat avec Unitaid depuis 2020, soutient le programme Scale Up Cervical Cancer Elimination with Secondary prevention Strategy, dit SUCCESS, mis en œuvre dans une dizaine de pays. Porté par Médecins du Monde à San-Pédro en Côte d’Ivoire, ce programme lutte contre le cancer du col de l’utérus via la sensibilisation, le dépistage et la prise en charge des papillomavirus humains (HPV), grâce au travail des agents de santé communautaires.
« Le cancer du col de l’utérus est le seul cancer évitable », synthétise Marie Bonnefois, coordinatrice générale adjointe de Médecins du Monde en Côte d’Ivoire. Pourtant, toutes les deux minutes, dans le monde, une femme décède encore de la maladie, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Si le cancer du col de l’utérus est le quatrième cancer le plus fréquent chez les femmes, il est le deuxième en Afrique où sont recensés 85 % des cas mondiaux et où le taux de mortalité est trois fois plus élevé que dans les pays à revenu élevé. Pourtant le cancer du col de l’utérus est un cancer évitable s’il est dépisté à temps. « Plus le dépistage du cancer du col de l’utérus se fait précocement, plus on peut prévenir le développement de la maladie », ajoute Marie Bonnefois. C’est un axe fort du programme SUCCESS qui s’aligne avec la stratégie de l’OMS et des politiques nationales ivoirienne. Dans le pays, cinq femmes par jour découvrent qu’elles sont atteintes du cancer du col de l’utérus : les protéger est une priorité de santé publique.
Les agents de santé communautaires, au cœur de SUCCESS
Le programme SUCCESS se déploie en s’appuyant sur des approches intégrées et en mettant un accent particulier sur une approche communautaire. Il s’appuie sur l’introduction du dépistage du papillomavirus humain (HPV) via une offre d’auto-prélèvement puis sur le traitement des lésions précancéreuses par thermo-ablation. Le cancer du col de l’utérus est en effet causé par une infection chronique due à l’HPV. Lorsque l’infection persiste, elle aboutit dans certains cas au développement de cellules cancéreuses. SUCCESS fait le pari du diagnostic précoce de l’infection grâce à la sensibilisation dans les communautés par des agents de santé communautaires (ASC) formés. Ces derniers, acteurs clés de ce projet, ont pour mission de se rendre dans les milieux ruraux avec un accès aux soins limité par le manque d’infrastructures où s’informer et se faire dépister.
Soro Nagnandjo, ASC à Pont-Néro, sensibilisant une femme sur le HPV et le cancer du col de l’utérus
Raconter l’engagement communautaire
« Nous établissons des liens de confiance avec les familles pour que chaque femme puisse connaître son statut HPV. C’est très important pour détecter rapidement la maladie », explique Soro Nagnandjo, ASC à Pont-Néro, village du département de San-Pédro, dans le documentaire dédié aux activités de SUCCESS à San-Pédro en Côte d’Ivoire. Celui-ci suit trois ASC dans leurs activités de sensibilisation et de dépistage au sein des communautés.
Parmi ces ASC, Yolande Guirobo, formée par Médecins du Monde et désormais ASC coach à San-Pédro. Elle raconte l’importance de ce travail de sensibilisation pour convaincre les femmes à se faire dépister : « Dans ma communauté, les femmes s’empressent désormais de faire leur test HPV parce qu’elles savent que la détection du virus et sa prise en charge permettent d’éviter le cancer. » Les ASC jouent un rôle fondamental dans la pyramide sanitaire, car ils et elles interviennent dans les milieux ruraux avec un accès aux soins limité par le manque d’infrastructures où s’informer et se faire dépister.
Permettre un diagnostic précoce
« Les ASC font le lien entre la communauté et le centre de santé. Ils et elles vont sensibiliser les femmes et leur proposer un auto-prélèvement. Si elles acceptent, l’ASC remet un écouvillon et la guide dans la réalisation du test à domicile », témoigne Nina Dablé, ASC coach à la maternité de Terre rouge, à San-Pédro, dans le documentaire.
L’ASC apporte ensuite l’échantillon au centre de santé où il est testé.
« Les ASC font le lien entre la communauté et le centre de santé. Ils et elles vont sensibiliser les femmes et leur proposer un auto-prélèvement. Si elles acceptent, l’ASC remet un écouvillon et la guide dans la réalisation du test à domicile », témoigne Nina Dablé, ASC coach à la maternité de Terre rouge, à San-Pédro, dans le documentaire. L’ASC apporte ensuite l’échantillon au centre de santé où il est testé.
Yolande Guirobo, ASC à San-Pédro, remettant les échantillons pour analyse
Si un test HPV est positif, l’ASC annonce le résultat à la femme et l’oriente vers le centre de santé pour la prise en charge. « Sur place, une sage-femme assure un examen visuel du col de l’utérus pour détecter d’éventuelles lésions précancéreuses. Si elles sont repérées, la sage-femme procède à l’ablation thermique de ces cellules pour empêcher le développement du cancer », poursuit Nina Dablé. Quasiment indolore et efficace, cette prise en charge est d’autant plus cruciale pour les femmes vivant avec le VIH, une population que cible particulièrement SUCCESS. En raison de leur vulnérabilité immunitaire, elles sont six fois plus à risque de développer un précancer et un cancer du col de l’utérus. Pour celles qui ne suivent pas de traitement antirétroviral ou ont commencé leur traitement tardivement, la maladie est particulièrement mortelle.
Analyse d’un auto-prélèvement au centre de santé de San-Pédro
La poursuite du programme SUCCESS
Dans sa première phase, outre la Côte d’Ivoire, SUCCESS a été déployé au Burkina Faso, au Guatemala et aux Philippines à travers un premier financement de Unitaid. Cet innovant parcours de santé intégré a démontré la faisabilité et l’acceptabilité de l’auto-prélèvement pour améliorer l’accès aux soins. SUCCESS a également collaboré avec les programmes nationaux de vaccination pour informer les femmes dépistées sur la vaccination contre les HPV afin de les inciter à faire vacciner leurs filles.
Une patiente consulte une sage-femme au centre de santé San-Pédro
Des défis persistants pour la seconde phase
Fort des enseignements tirés de la première phase, SUCCESS 2 a été lancé en 2024 et prévoit un passage à l’échelle en Côte d’Ivoire et étend ses activités : au Bénin, au Burundi, au Cameroun, au Ghana, en Guinée et au Togo.
SUCCESS 2 porte également l’ambition de consolider les systèmes de santé grâce à un travail de plaidoyer pour mobiliser les autorités sanitaires locales. Enfin SUCCESS intègre un fort volet de plaidoyer mondial, régional et national, visant à mobiliser des financements et à influencer les politiques publiques pour la prévention secondaire du cancer du col de l’utérus. L’objectif est de faire intégrer la prévention secondaire et la lutte contre le cancer du col de l’utérus dans les politiques nationales de santé, en mettant l’accent sur la prise en charge des femmes vivant avec le VIH.