Le projet MIARINA vise à améliorer la prise en charge globale de la tuberculose et du VIH-sida en milieu carcéral à Madagascar.
Tuberculose : améliorer le parcours de soins intra et postcarcéral à Madagascar
L’accès à la santé des personnes détenues est entravé par de nombreux défis. Porté par l’Institut Pasteur de Madagascar, le projet MIARINA vise à améliorer la prise en charge globale de la tuberculose et du VIH-sida en milieu carcéral sur la Grande Île.
À Madagascar, L’Initiative soutient un projet de renforcement de l’accès au dépistage et aux soins pour les personnes détenues. Porté par l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM), ce projet, appelé MIARINA, vise à améliorer le parcours de soins intra et postcarcéral. « L’objectif est d’abord d’appuyer les acteurs et actrices et de soutenir les parcours de soins existants dans la prise en charge générale de la tuberculose et de l’infection VIH en ciblant les personnes détenues et leurs proches, ainsi que le personnel pénitentiaire », explique Élodie Chevallier, coordinatrice du projet à l’IPM.
Améliorer détection et prise en charge de la tuberculose
Lancé en octobre 2019 pour une durée de quatre ans, MIARINA est déployé dans quatre établissements pénitentiaires du pays à Antanimora (Antananarivo), Mahajunga, Manakara et Toamasina. Il comporte trois thématiques : la recherche, conduite par l’IPM ; l’appui médical, mis en œuvre par la Commission épiscopale pour la pastorale des milieux de la santé/l’aumônerie catholique des prisons (EKAR CES/ACP) ; l’appui psychosocial et à la réinsertion économique, soutenu par Humanité & Inclusion (HI) et Positive planète international (PPI). « L’objectif du volet recherche que nous menons à l’IPM est de produire des données scientifiques pour mieux connaître le milieu carcéral et améliorer les stratégies de sensibilisation et de prise en charge », détaille Élodie Chevallier.
Comprendre, prévenir, soigner en prison
Une première étude anthropologique a été conduite entre 2021 et 2022 pour analyser les parcours de soins des personnes détenues atteintes de tuberculose et/ou vivant avec le VIH-sida en milieu carcéral. Une centaine d’entretiens individuels et groupés ont été effectués auprès des détenues et détenus, du personnel de santé des maisons carcérales et d’agents pénitentiaires. Le résultat de ces entretiens a mis en valeur le rôle clé des codétenus pour faire le lien entre les détenues ou détenus et l’infirmerie. Pour donner suite à cette étude et officialiser ce rôle, 240 codétenus et 33 intervenants en santé ont été formés aux soins de santé de base et aux premiers secours, en août et septembre 2022.
En complément d’une étude transversale de prévalence de la tuberculose et du VIH conduite auprès d’un échantillon représentatif de 4 000 détenus, une étude de recherche opérationnelle est conduite à la maison centrale d’Antanimora. Pour Élodie Chevallier, « l’objectif de cette étude de cohorte est d’estimer le risque de transmission de la tuberculose et du VIH, et le risque de progression de ces maladies au cours des premières années d’incarcération ». Au sein de la cohorte, l’étude suit des personnes qui développaient déjà une tuberculose maladie ou latente à leur arrivée en prison et d’autres qui ont développé une tuberculose latente dans l’année suivant leur entrée. Toutes ont été prises en charge par le Centre de diagnostic et de traitement (CDT) de la maison centrale.
Une amélioration des conditions d’incarcération sur le long terme
Dans le cadre de l’appui médical, des activités de sensibilisation et de dépistage pour la tuberculose et le VIH ont été menées dans les quatre établissements. Ainsi, quelque 6 983 personnes détenues ont été dépistées entre 2019 et 2022. EKAR CES/ACP a également formé des personnels infirmiers et des personnes détenues impliquées en santé à la prise en charge de la TB et du VIH, notamment pour la collecte des crachats et la remontée des échantillons vers les centres de dépistage. En parallèle, HI a développé des activités de prévention à la détresse psychosociale : ateliers d’accueil pour les personnes nouvellement incarcérées, activités sportives et socio-éducatives, organisation de la remontée des doléances. Le projet prévoit également de former les futurs agents pénitentiaires aux enjeux de réinsertion sociale.
Enfin, PPI met en œuvre un accompagnement économique et organise le suivi intra et extra-muros. Cela passe par la mise en place d’activités génératrices de revenus – coiffure, fabrication de savons et de parpaings, élevage de poules, etc. « À un an de la fin du projet, les résultats sont très encourageants, estime Élodie Chevallier. Nous espérons que toutes ces activités seront mises en œuvre dans tous les établissements pénitentiaires de Madagascar. Nos actions ne peuvent être efficaces sur le long terme que si elles permettent de créer les conditions d’une prise en charge pérenne. »