Dans le but de suivre au plus près des populations concernées l’évolution des cas de paludisme dans la région du grand Mékong, l’Initiative régionale contre les résistances à l’artémisinine (RAI) s’appuie sur un vaste réseau d’agents de santé communautaires.
Une approche globale face à une menace régionale
Financée par une subvention du Fonds mondial, la RAI suit attentivement l’évolution des cas de paludisme dans la région du grand Mékong en se basant notamment sur un réseau de coordination des organisations de la société civile composé d’environ 40 000 agents de santé communautaires très souvent bénévoles. Ces derniers agissent directement depuis les villages et zones rurales et forestières de la région.
Les agents, équipés de smartphones, signalent les cas détectés et alimentent ainsi une base de données nationale en temps réel, facilitant une réponse rapide en cas d’épidémie localisée. Relais privilégiés entre les populations les plus vulnérables et les systèmes de santé, le rôle des agents de santé communautaires est déterminant car un diagnostic puis un traitement précoce sont essentiels pour éliminer le paludisme. Dans des pays qui souffrent d’un manque criant de professionnels de santé, ils comblent cette pénurie et améliorent la prévention, l’accès au dépistage et la qualité des soins délivrés, notamment dans les zones les plus difficiles d’accès ou les plus éloignées des centres de santé. Du fait de leur proximité locale et de leur appartenance directe aux communautés visées, les agents jouent un rôle important dans la promotion de la santé et la prévention des maladies infectieuses qui sont l’objet de représentations sociales variables en fonction du contexte culturel dans lequel baignent ces communautés.
Harmoniser la réponse communautaire régionale
Le statut des agents de santé communautaires au sein des structures de santé, les incitations financières disponibles, les services pour lesquels ils sont formés et même leur nombre varient cependant fortement en fonction des pays. Si au Cambodge, au Laos et en Birmanie, ceux-ci constituent l’épine dorsale du diagnostic et du traitement du paludisme, en Thaïlande et au Viêt Nam, très peu d’agents de santé
communautaires sont en capacité d’établir un diagnostic et d’apporter des soins en raison de réglementations nationales plus contraignantes. Il en résulte des inégalités de traitement ou d’accès aux équipements et matériels de santé selon le pays, compliquant ainsi la coordination et la gestion des réseaux de bénévoles au niveau régional. L’élaboration d’une stratégie communautaire régionale pérenne s’en trouve affectée.
Ainsi, un rapport sur le rôle des agents de santé communautaires dans la région de la RAI recommande de mieux les intégrer aux systèmes de santé des cinq pays pour qu’ils bénéficient de meilleures conditions de travail, d’un salaire décent et d’une meilleure formation. Ce même rapport préconise également une formation de ces agents à la prise en charge des problèmes de santé affectant les communautés comme la diarrhée, la malnutrition et les infections respiratoires. Cela renforcerait leur rôle dans la prévention et la sensibilisation, et les impliquerait dans l’orientation des malades vers des établissements de soins primaires. Enfin, le rapport suggère d’élaborer des feuilles de route nationales pour renforcer la coordination régionale des réseaux d’agents communautaires, permettant d’harmoniser leurs missions et leur déploiement dans les différents pays.