Recherche opérationnelle – Prévenir le paludisme
STATUTS :
Clôturé
DATE DE CLÔTURE :
24/01/2023 à 12h00
(heure de Paris)DATE D'OUVERTURE :
08/12/2022 à 12h00
(heure de Paris)Des progrès qui marquent le pas
Après sept décennies d’engagement et des résultats très significatifs obtenus depuis le début du 21e siècle, la lutte contre le paludisme est dans une situation inquiétante. Si entre 2000 et 2015, le renforcement substantiel des services de lutte contre le paludisme a contribué à une réduction de 27 % de l’incidence de la maladie au niveau mondial et à un recul de près de 51 % de la mortalité associée¹, depuis quelques années les progrès marquent le pas, et l’épidémie de covid-19, en plus des autres défis tels que l’émergence de la résistance aux insecticides et antipaludiques, la couverture basse des interventions de lutte contre le Paludisme, les urgences humanitaires ainsi que la diminution des financements, a fait repartir les indicateurs épidémiologiques à la hausse. Ainsi, selon le dernier Rapport sur le paludisme dans le monde (2021), les estimations font état de 14 millions de cas de paludisme en plus en 2020 par rapport à 2019 (241 millions contre 227 millions). Le nombre de décès augmente lui aussi : d’après les estimations, 69 000 personnes en plus sont mortes du paludisme en 2020 par rapport à 2019 (627 000 contre 558 000). Près des deux tiers (47 000) des décès supplémentaires dus au paludisme ont résulté des perturbations des services de prévention, diagnostic et traitement du paludisme durant la pandémie².
La Région africaine de l’OMS continue de supporter une part disproportionnée de la charge palustre mondiale : en 2020, on y dénombrait 95 % de l’ensemble des cas de paludisme et 96 % des décès dus à cette maladie. Les enfants de moins de 5 ans ont représenté environ 80 % de l’ensemble des décès palustres dans la Région. Un peu plus de la moitié de tous les décès palustres dans le monde étaient enregistrés dans quatre pays africains : le Nigéria (31,9 %), la République démocratique du Congo (13,2 %), la République-Unie de Tanzanie (4,1 %) et le Mozambique (3,8 %). Plus généralement, on remarque que les pays HBHI (« High burden to high impact »), à savoir les pays sur lesquels concentrer les efforts pour avoir un fort impact³, sont ceux qui perdent le plus de terrain⁴.
Des écarts importants dans la prévention et le traitement
Par ailleurs, on note des écarts dans la prévention et le traitement encore trop importants. De fait, bien que les cas simples de paludisme soient relativement faciles à prévenir et à traiter, les stratégies mises en œuvre n’arrivent pas à atteindre des taux de couverture corrects, en partie dû à un ciblage des activités pas assez précis. Le secteur privé de la santé n’est pas suffisamment inclus dans la stratégie de lutte contre le paludisme alors qu’il assure une part non négligeable du dépistage et du traitement du paludisme.
De 2000 à 2020, le pourcentage des enfants de moins de 5 ans et de femmes enceintes dormant sous une moustiquaire imprégnée est passé de 3% à 49%, un progrès extraordinaire qui ne peut cependant faire oublier que la moitié de la population à risque pour le paludisme en Afrique n’est toujours pas protégée par cet outil préventif. De plus, l’accès aux traitements préventifs pour les femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans reste trop faible, ce qui contribue en partie à la recrudescence de la mortalité liée à cette épidémie. Ainsi, la couverture au moyen de 3 doses de TPIp chez les femmes enceintes, dans les 38 pays d’Afrique qui ont adopté ce schéma préventif, est passée de 11 % en 2010 à 16 % en 2015 et 32 % en 2020, mais reste bien en deçà de l’objectif de 80 % fixé par la communauté internationale. Pour ce qui est de la chimioprophylaxie saisonnière (CPS), le nombre d’enfants ayant reçu au moins une dose dans les 13 pays d’Afrique sahélienne, très touchés par le paludisme saisonnier, a connu une hausse très rapide, passant de moins de 0,2 millions en 2012 à 33,5 millions en 2020, mais plus d’un tiers des enfants vivant dans le Sahel n’y a toujours pas eu accès.
En ce qui concerne le traitement, toujours chez les enfants, plusieurs enquêtes menées dans des pays d’Afrique subsaharienne montrent qu’entre 10 % et 25 % des enfants ayant sollicité un traitement antipaludique par ACT n’en reçoivent pas.
Enfin, il convient de noter que les évolutions inquiétantes du climat et la situation politique et sécuritaire de nombreux pays impaludés sont des facteurs qui freinent l’efficacité des interventions, quand elles ne les stoppent pas tout simplement dans certaines régions.
Demande d’accès à son espace de dépôt : Afin de soumettre un projet portant sur cette thématique, les soumissionnaires sont invités à effectuer une demande d’accès au Cloud entre le 8 décembre 2022 et le 20 janvier 2023 via un formulaire.
Pour accéder à ce formulaire, rendez-vous dans le règlement de l’AAP dans le chapitre “Modalités de soumission des dossiers de propositions”. Les demandes de liens d’accès reçues après le 20 janvier seront refusées.
[1] Rapport 2021 sur le paludisme dans le monde, p.8
[2] Le dernier tiers (22 000 décès) reflète le changement récent dans la méthodologie utilisée par l’OMS pour calculer la mortalité palustre, indépendamment de ces perturbations. La nouvelle méthodologie de détermination des causes de décès a été appliquée à 32 pays d’Afrique subsaharienne où sont comptabilisés 93 % environ de l’ensemble des décès palustres dans le monde. L’application de cette méthodologie a révélé que, chaque année depuis 2000, la maladie a emporté bien plus d’enfants africains que ce que l’on pensait jusqu’alors.
[3] Il s’agit des 10 pays africains Burkina Faso, Cameroun, République Démocratique du Congo, Ghana, Mali, Mozambique, Niger, Nigeria, Ouganda et Tanzanie, auquel se rajoute l’Inde (ces pays sont aussi communément appelés les 10+1).
[4] A titre d’exemple, les cas de paludisme dans les pays HBHI ont réduit de 155 millions à 150 millions de 2000 à 2015, mais ont atteint 163 millions en 2020. Toujours dans les mêmes pays, les décès dus au paludisme ont diminué de 641 000 à 390 000 de 2000 à 2015, pour remonter à 444 600 en 2020.