Quel rôle a joué l’Onusida dans la coordination de l’assistance technique sur la demande de financement du Cameroun, dans un contexte bouleversé par la pandémie de Covid ?
La mission de l’Onusida a été guidée par une feuille de route pour l’ensemble du processus jusqu’à la signature des subventions. Afin de veiller à une bonne répartition des tâches, avec un mécanisme efficace de reportage au groupe de coordination, trois sous-groupes – VIH, tuberculose, paludisme – ont été mis en place, sous le leadership respectif des différents secrétaires permanents des programmes.
Dans sa mission de coordination, l’Onusida a supervisé la sélection des experts et des expertes susceptibles de mener à bien la demande de financement. Nous avons mené des concertations avec l’ensemble des partenaires pourvoyeurs de l’assistance technique (AT). La liste finale des consultants a été soumise à la validation du CCM, permettant ainsi de mobiliser les experts et les expertes selon les mécanismes propres à chaque partenaire.
Les restrictions liées à la crise sanitaire de la Covid-19 ont eu des conséquences sur le processus d’élaboration de la demande de financement. Il n’était plus possible d’assurer la présence physique des experts internationaux et du Fonds mondial au Cameroun et de mener les ateliers de rédaction, de relecture et de validation. L’expertise et le leadership de l’Onusida ont été déterminants pour développer rapidement les nouvelles stratégies, adapter la feuille de route et faire face à la pandémie de Covid. Une approche virtuelle a été mise en place avec les réunions régulières du comité de pilotage, de l’équipe de coordination, des sous-groupes de travail avant la participation à distance des experts et des expertes internationaux retenus à l’extérieur du pays. Nous avons mis en place un mécanisme de concertation permanente avec le secrétariat du Fonds mondial (équipe pays) pour faire le point et recevoir les orientations nécessaires sur l’ensemble des demandes. Ces réunions de coordination étaient ouvertes aux consultants et aux consultantes (nationaux et internationaux), membres de l’équipe de rédaction, partenaires nationaux et internationaux, agences pourvoyeuses de l’assistance technique, société civile, membres du CCM, etc.
Malgré la crise sanitaire, tous les acteurs se sont mobilisés pour la bonne réussite de cette demande. La société civile a coordonné le dialogue pays. Les demandes de financement ont été transmises aux partenaires de la société civile, de la coopération bilatérale et multilatérale, de l’administration publique et du secteur privé. Les leaders de chaque secteur avaient pour mission de recueillir et consolider les inputs des membres pour les transmettre à la coordination. Cette approche participative a permis de prendre en considération les points de vue de toutes les parties prenantes dans le processus.
Quelle a été selon vous la plus-value de L’Initiative dans le processus ?
« La force de L’Initiative réside dans son agilité et sa capacité à agir rapidement. »
Face à la Covid-19, L’Initiative a su s’adapter rapidement et proposer des facilités d’appuis pour assurer la continuité des missions d’assistance technique liées au cycle de financement du Fonds mondial. Cette qualité a été appuyée par la disponibilité des chargés et chargées de projets, qui ont permis quand c’était nécessaire de débloquer et de répondre à certains goulots d’étranglement qui pouvaient entraver la demande de financement.
À titre d’exemple, pour assurer certaines phases du processus de la demande, retardées par la Covid-19, L’Initiative a su, en lien avec l’Onusida, travailler avec les experts et les expertes pour prolonger la mission d’assistance technique et assurer dans les meilleures conditions la réalisation de phases cruciales à la demande : revue des plans stratégiques, élaboration du nouveau plan stratégique, élaboration des demandes de financement, etc.
Quelles leçons retenir de l’impact de la Covid-19 sur l’élaboration des demandes de financements ?
La Covid-19 a eu un impact très fort sur l’exécution de la feuille de route du CCM. La pandémie n’a pas favorisé les réunions en présence, souvent bénéfiques pour les échanges interpersonnels avec les acteurs du système de santé et même avec les consultants internationaux. Cela a mis en lumière les limites de l’assistance technique à distance et la nécessité de mobiliser davantage l’assistance technique d’experts ou d’expertes locaux.
Toutefois, la pandémie a aussi démontré qu’il était possible de mener la coordination et le processus de rédaction de la demande de financement sans forcément investir dans des ateliers très coûteux. Les réunions virtuelles ont été un modèle de coordination réussie qu’il conviendrait aux acteurs d’adopter pour économiser les ressources liées à l’organisation des séminaires, aux visites de supervisions, etc.
Selon vous, comment améliorer encore la coordination entre les pourvoyeurs et pourvoyeuses d’assistance technique ?
Au Cameroun, le CCM est engagé dans un processus de réforme qu’il serait pertinent d’accompagner. Le suivi stratégique, qui est l’un des quatre principaux domaines de responsabilité des CCM, comprend des aspects essentiels liés aux finances, aux programmes et à la gestion du portefeuille de subventions. Ces éléments contribuent au renforcement du système de santé du pays. Le CCM dispose d’un comité de suivi stratégique très efficace présidé depuis sept ans par l’Onusida. Il est essentiel d’appuyer ce volet afin de s’assurer que les subventions sont employées conformément aux plans et aux objectifs prévus. Il faudrait renforcer et soutenir l’Onusida dans son rôle de coordination entre les pourvoyeurs et pourvoyeuses d’assistance technique (AT) afin d’éviter les duplications.
Quel rôle pourrait jouer L’Initiative dans ce processus ?
Les besoins en assistance technique sont bien pris en compte dans les demandes de financements. Cependant, il faudrait élaborer sous le leadership du CCM un plan consolidé de l’assistance technique pour la mise en œuvre globale du programme.
L’Initiative peut jouer un rôle clé pour appuyer la réforme des CCM
Il s’agit de soutenir le suivi stratégique afin de s’assurer que les ressources bénéficient effectivement aux patientes et aux patients. Un dialogue pourrait également être mené avec le Fonds mondial dans le but de réviser certaines procédures pour mieux apprécier l’impact des subventions. Les pays consacrent beaucoup de temps au processus de développement des nouvelles subventions, alors que celles du cycle précédent sont encore mises en œuvre par les récipiendaires principaux. Un cycle de financement de cinq ans au lieu de trois laisserait suffisamment de temps pour apprécier l’impact des programmes.