La lutte contre l’élimination du paludisme dans la région du grand Mékong est semée d’embûches, et notamment celle de la pharmacorésistance de la maladie. Depuis 2014, l’Initiative régionale contre la résistance à l’artémisinine (RAI) permet d’endiguer cette endémie d’Asie du Sud-Est. Depuis son lancement, ce projet représente plus de 60 millions de dépistage contre le paludisme et 2,6 millions de patientes et patients traités contre cette maladie mortelle.
Pour lutter contre le paludisme, une maladie potentiellement mortelle due aux parasites de la famille des Plasmodium et transmise par piqûres de moustiques anopheles, un des traitements phares consiste en une thérapie combinatoire incluant l’utilisation de molécules d’artémisinine. Cette thérapie a été largement déployée notamment dans la région endémique du grand Mékong (Cambodge, Laos, Birmanie, Thaïlande et Viêt Nam) en Asie du Sud-Est. En 2013, des études ont cependant permis de mettre en évidence une résistance du parasite à la molécule d’artémisinine, soulevant ainsi une problématique mondiale de pharmacorésistance du paludisme. C’est dans ce contexte qu’a été créée, en 2013, l’Initiative régionale contre la résistance à l’artémisinine (RAI) dans le grand Mékong. Ce projet est financé par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et L’Initiative. En 2024, une quatrième phase débute jusqu’en 2026. Au total, entre 2014 et 2026, ce projet représente un investissement de 650 millions d’euros.
Une quatrième phase du projet pour éliminer le paludisme
La quatrième phase du projet RAI permet de concentrer les efforts d’élimination du danger que représente le paludisme dans la région du Grand Mékong en se focalisant sur les populations à risques et vulnérables (communautés habitant des régions reculées, travailleurs migrants, populations issues de minorités ethniques).
Tous les pays de la région du grand Mékong étant confrontés à des difficultés similaires – migrations, problèmes de minorités ethniques, zones difficiles d’accès –, ils peuvent, grâce au projet de la RAI, bénéficier de solutions similaires. La RAI coordonne la surveillance des cas de paludisme, y compris de ceux traversant les frontières et s’assure que tous les pays suivent les recommandations. Tout ceci est possible grâce à un réseau solide de partenaires, dont le bureau régional de l’OMS à Phnom Penh, réunis sous la tutelle de la RAI, et à une plateforme de coordination des organisations de la société civile de la région.
La RAI s’appuie également sur un vaste réseau d’environ 34 000 bénévoles au sein des nombreuses communautés du grand Mékong, permettant une réponse rapide en cas d’épidémie via un dépistage et un traitement directement dans les villages concernés. Les cas de paludisme sont détectés et signalés depuis un smartphone alimentant ainsi une base de données nationale en temps réel. Des moustiquaires insecticides durables ont été distribuée à plus de 33 millions de foyers sur l’ensemble de la région du grand Mékong. « Nous sommes proches des objectifs d’élimination du paludisme dans les cinq pays. La RAI a permis de lutter efficacement dans les contextes les plus divers : populations migrantes, minorités ethniques, zones forestières, etc. Et nous avons amélioré le niveau de surveillance épidémiologique », explique Izaskun Gaviria, gestionnaire de portefeuille du Fonds mondial. « Les projets financés ont été essentiels pour réduire la prévalence du paludisme, dans un contexte d’accroissement des résistances aux traitements qui rend urgente l’élimination de la maladie. Il est capital de maintenir le niveau de financement pour assurer la continuité des actions de cartographie, de prévention, de dépistage et de soin, à un niveau communautaire et dans toutes les zones concernées. La disponibilité de traitements efficaces contre les souches multirésistantes sera essentielle pour atteindre l’objectif d’élimination du paludisme dans la région. », rajoute Arjen Dondorp, président de l’instance de coordination régionale de la RAI.
L’Initiative régionale contre la résistance à l’artémisinine (RAI) vise à endiguer l’épidémie de paludisme en Asie du Sud-Est en luttant notamment contre l’apparition de phénomènes d’antibiorésistance
La RAI suit l’évolution des cas de paludisme et s’assure que l’ensemble des acteurs de la région du Grand Mékong suivent les recommandations de santé. « Ceci est rendu possible grâce à un solide réseau de partenaires locaux incluant des organisations de la société civile. Au fil des trois campagnes de financement lancées depuis 2013, L’Initiative a mis à la disposition de la RAI les ressources nécessaires au recrutement de consultants de haut niveau afin de soutenir les demandes de subvention de la RAI, au niveau national comme régional », complète Izaskun Gaviria.