L’Initiative, en première ligne contre le paludisme
Le paludisme est un fléau persistant. La moitié de la population mondiale est encore exposée au risque de paludisme, selon l’Organisation mondiale de la Santé. 263 millions de personnes sont touchées par la maladie, et 597 000 en sont décédées en 2023, dont la presque totalité en Afrique. Un enfant meurt chaque minute du paludisme. Les plus jeunes représentent les trois quarts des victimes. Les progrès importants réalisés ces deux dernières décennies marquent aujourd’hui le pas. Les défis se multiplient, se complexifient et s’alimentent mutuellement. Au manque de financements s’ajoutent les crises humanitaires et migratoires, souvent liées et exacerbées par le changement climatique. Ce dernier pose des défis considérables, qui nécessitent une adaptation urgente. Début décembre 2024, L’Initiative a organisé au Rwanda une formation sur les adaptations des stratégies de lutte et de prévention pour affronter les conséquences du changement climatique sur le paludisme – un podcast en quatre épisodes produit à cette occasion revient sur ces enjeux. La résistance croissante aux insecticides des moustiques – vecteur de la maladie – et l’efficacité réduite des antipaludiques représentent aussi des enjeux de taille. L’Initiative s’engage pour le déploiement d’approches collaboratives multisectorielles et d’outils innovants ; elle œuvre également à renforcer l’approche communautaire pour intensifier la riposte sanitaire à la maladie.
Le paludisme prospère sur l’injustice
Pourtant évitable et traitable, cette maladie tue toujours, et 75 % des victimes sont des enfants de moins de cinq ans vivant en Afrique subsaharienne. Les armes pour vaincre la maladie existent. La lutte contre le paludisme nécessite d’agir, maintenant.
Le changement climatique : un obstacle à la lutte contre le paludisme
Les événements météorologiques extrêmes, la variation des températures et les modifications du climat ont des impacts multiples et protéiformes sur le paludisme. Ils peuvent entraîner une hausse de la transmission et de la charge de morbidité de la maladie. L’Initiative tient compte de ces défis posés par le changement climatique pour maximiser l’efficacité de la lutte contre la pandémie.

Adapter la riposte au paludisme au changement climatique
Les pays africains, tout particulièrement, doivent faire face à un nouvel enjeu qui rebat les cartes de la lutte contre le paludisme : le changement climatique. Il modifie la répartition géographique et la saisonnalité de la maladie, ce qui impose une adaptation urgente des stratégies de prévention et de lutte. L’Initiative et l’Institut d’enseignement supérieur de Ruhengeri (INES-Ruhengeri) ont coorganisé, début décembre 2024 à Musanze (Rwanda), une formation dédiée à l’impact climatique sur le paludisme. Les décideurs des Programmes de lutte contre le paludisme (PNLP) de 19 pays francophones d’Afrique subsaharienne se sont réunis pour discuter de stratégies de lutte intégrant cette réalité de plus en plus tangible.
Donner de la voix à la lutte contre le paludisme
L’Initiative et l’Institut de l’enseignement supérieur de Ruhengeri (INES-Ruhengeri) ont coorganisé, début décembre 2024 à Musanze (Rwanda), une formation consacrée à l’impact du changement climatique sur le paludisme. Dans un podcast de cinq épisodes, L’Initiative revient sur les conséquences dans la lutte contre le paludisme. Médecins, climatologue, modélisatrice, chercheurs ont la parole et se relaient pour expliquer cette nouvelle donne dans le combat contre cette épidémie.


Se préparer à la reconfiguration de l’épidémie
L’Initiative contribue au renforcement des capacités des entomologistes dans les régions exposées au changement climatique. Elle soutient également le déploiement de stratégies de surveillance de l’évolution de la maladie. Des défis abordés sous le prisme de l’approche One Health (Une seule Santé), qui lie santés humaine, animale et environnementale.
Le rôle clé de l’approche communautaire
Pour éliminer le paludisme, l’engagement et la participation de la population sont essentiels. Une approche communautaire que soutient L’Initiative, en cohérence avec la stratégie du Fonds mondial. Elle appuie le renforcement des capacités de la population, notamment des agents de santé communautaires, pour rendre l’accès aux soins accessibles à tous et toutes.

Lutter contre le paludisme au Cameroun grâce à la collaboration communautaire
Enjeu de santé publique majeur au Cameroun, le paludisme touche davantage les régions du Sud-Ouest et du Littoral, où se déroule un conflit armé forçant des centaines de milliers de personnes à se déplacer. Dans ces régions, l’accès aux soins et la prise en charge de l’épidémie sont limités. Le projet de recherche opérationnelle Breaking Barriers met en œuvre plusieurs stratégies communautaires innovantes pour faire reculer la maladie et permettre aux populations vulnérables d’être soignées.

Paludisme au Bénin : sensibiliser dans les communautés
Au Bénin, le nombre de décès liés au paludisme a presque doublé entre 2015 et 2021. Le projet Sucoppa vise à améliorer la prévention, grâce à la co-construction de moyens de sensibilisation avec les communautés locales du pays. Rencontre avec Gilles Cottrell, de l’IRD/MERIT, et Armel Djenontin, de l’université béninoise d’Abomey-Calavi, les deux chercheurs à la tête de ce projet, déployé de 2024 à 2028.
Innover pour faire reculer l’épidémie
Face au changement climatique et à la résistance croissante aux insecticides ainsi qu’aux antipaludiques, il est essentiel de développer des approches et des outils novateurs pour endiguer le paludisme. Consciente que les progrès dans la lutte contre la maladie en dépendent, L’Initiative appuie la recherche pour développer des dispositifs innovants.
TrapNet : une méthode innovante de lutte contre le paludisme
Malgré les progrès, le paludisme reste un lourd fardeau sanitaire. À ce dernier s’ajoutent de nouveaux défis, comme la résistance croissante des moustiques aux insecticides, qui impliquent une révision des stratégies de lutte existantes. Dans le cadre du projet « Prévenir le paludisme », le Centre suisse de recherches scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS) a mis au point TrapNet, un dispositif de prévention du paludisme innovant développé avec le soutien de L’Initiative, dont l’équipe s’est rendue à Korhogo et à Abidjan, en Côte d’Ivoire, premiers lieux de déploiement-test du projet.


AMARETi : lutter contre le portage asymptomatique du Plasmodium au Sénégal
Au Sénégal, la lutte contre le paludisme persiste ; près d’un million de cas sont recensés par l’Organisation mondiale de la Santé en 2021. Dans la région sahélienne notamment, la transmission du paludisme s’explique en partie par le réservoir asymptomatique de personnes porteuses du parasite Plasmodium, responsable de la maladie. Porté par Jordi Landier, épidémiologiste à l’IRD, avec El Hadj Ba, de l’IRD de Dakar, et Jean-Louis Ndiaye, de l’université Iba Der Thiam de Thiès, le projet AMARETi cible précisément ces porteurs sans symptôme dans la région de Kédougou, dans le sud-est du Sénégal. Le projet prévoit ainsi deux campagnes d’administration de masse d’antipaludiques, en début et en fin de saison de transmission, auxquelles sont combinées des activités co-construites avec et pour les jeunes adultes, groupe à haut risque de portage. Cette étude interventionnelle fait suite à l’étude observationnelle MARS. Ce précédent projet a mis à jour les connaissances épidémiologiques dans la zone et a permis d’identifier les opportunités de lutte contre le paludisme. Le projet AMARETi va être évalué par un essai randomisé portant sur 50 villages du Kédougou, soit environ 18 000 personnes. Cette intervention pourrait contribuer à réduire la transmission saisonnière du paludisme et faire baisser la mortalité pour, à terme, progresser vers l’élimination de la maladie. Lire l’interview de Jordi Landier
Soutenir la recherche opérationnelle
La science joue un rôle central dans la recherche de solutions adaptées et efficaces face au paludisme. L’Initiative soutient la recherche opérationnelle pour déployer sur le terrain des solutions adaptées aux réalités locales et aux contextes épidémiologiques. Les projets soutenus portent notamment sur le renforcement des programmes de prévention et l’accès aux soins, notamment des plus vulnérables. C’est un travail en synergie, porté en collaboration étroite avec les autorités sanitaires et les instituts de recherche des pays concernés.
Le DATP Mauritanie, engagé contre les épidémies
En Mauritanie, le renforcement du personnel qualifié, l’amélioration des infrastructures sanitaires et la sécurisation de l’approvisionnement en médicaments constituent des leviers essentiels pour intensifier la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. C’est pourquoi L’Initiative a contribué au déploiement d’un dispositif d’assistance technique planifiée (DATP) inédit, en 2021. La Dre Chanelle Muhoza, experte résidentielle paludisme pour le DATP, revient sur ce dispositif et sur ses actions concernant le volet paludisme.

L’appel à manifestation paludisme 2024
En novembre 2024, le Comité de pilotage de L’Initiative a décidé d’augmenter et de diversifier ses investissements pour soutenir toutes les dimensions de la lutte contre le paludisme (surveillance épidémiologique, prévention/lutte anti-vectorielle, dépistage précoce, traitement et suivi), en insistant sur le renforcement de la santé communautaire. Pour ce faire, un appel à manifestation d’intérêt (AMI) a été lancé, avec comme objectif principal de dynamiser et d’amplifier les stratégies de lutte ancrées dans les communautés en s’appuyant sur les acteurs locaux (programmes nationaux, centres de santé, associations, agents de santé communautaires, leaders d’opinion, etc.). Le but est de promouvoir des initiatives de santé communautaire dans six pays prioritaires d’Afrique subsaharienne, en tenant compte des contextes socio-culturels, en valorisant les savoir-faire existants et en améliorant la couverture sanitaire de proximité. L’Initiative, à travers le soutien qu’elle apporte à ces approches, entend stimuler l’implication des populations, renforcer l’accès aux soins et favoriser l’appropriation des pratiques de prévention. Ce dispositif vise in fine à sortir de la stagnation que connaît la lutte contre le paludisme depuis la pandémie de Covid-19, à réduire la mortalité et la morbidité liées à cette maladie et à renforcer la résilience des systèmes de santé.

Chiffres clés #3 : Le soutien de L’Initiative à la lutte contre les pandémies en Afrique subsaharienne
Ce troisième opus des Chiffres clés explore la diversité et la variété des appuis de L’Initiative. L’Afrique subsaharienne est très affectée par le VIH, la tuberculose et le paludisme. L’Initiative est donc particulièrement mobilisée dans cette région pour appuyer et renforcer les systèmes de santé des pays.