Le défi de l’accès à la santé des migrants birmans à la frontière thaïlandaise

Transversal 2 février 2025

« Le Migrant Fund m’a sauvée », témoigne Ma Phyu Win, réfugiée birmane vivant à la frontière thaïlandaise, dans le documentaire « Birmanie-Thaïlande : soigner par-delà les frontières ». Le projet Migrant Fund (M-Fund), porté par l’entreprise sociale et fondation Dreamlopments, est une couverture maladie à faible coût qui permet aux migrants et aux populations frontalières en Birmanie d’accéder à des soins de qualité. Sans ce fonds, Ma Phyu Win, alors enceinte, n’aurait pas pu se faire soigner dans un hôpital thaïlandais : l’opération lui aurait coûté trop cher. Comme elle, 84 000 adhérents dont 64 % de femmes, sont affiliés à ce dispositif dans plusieurs provinces frontalières.

La majorité des 5,2 millions des migrants qui vivent et travaillent en Thaïlande sont Birmans, selon l’Organisation internationale pour les migrations. Aux affrontements entre les rebelles et la junte au pouvoir dans le pays depuis le coup d’État de 2021, s’ajoutent les catastrophes climatiques à l’instar du typhon Yogi en septembre 2024. Des milliers de personnes fuient quotidiennement la Birmanie pour se réfugier notamment dans la province frontalière de Tak. Souvent marginalisés et vulnérables, ces migrants ont un accès à la santé très limité, à l’instar de Ma Phyu Win.

« Le M-Fund est un fonds d’accès communautaire, abordable et durable, qui contribue à combler les déficits de la couverture de santé universelle en Thaïlande, notamment pour les migrants en situation irrégulière ou qui ne sont pas enregistrés sur le territoire thaïlandais » explique le docteur Nyan Linn, responsable des programmes pour Dreamlopments. Pour 130 baths mensuels (3,70 euros), les souscripteurs sont couverts annuellement pour des frais allant jusqu’à 50 000 baths (environ 1 400 euros). Nang Ei Lawnt Ying, cheffe de projet chez Dreamlopments, connaît intimement cette réalité pour avoir vécu illégalement en Thaïlande pendant trois ans : « Je comprends les défis que cette situation pose. Grâce au M-Fund, les migrants comprennent l’utilité de souscrire une assurance, ils prennent ainsi en main leur santé ».

Pour en savoir plus sur le travail quotidien de Nang Ei Lawnt Ying, rendez-vous sur les comptes X, Facebook et LinkedIn de L’Initiative. Au fil de son portrait, elle raconte son combat personnel et professionnel pour permettre aux déplacés birmans d’accéder à des soins de qualité.

L’Initiative appuie le projet M-Fund depuis de nombreuses années. Le soutien actuel s’élève à plus d’un million et demi d’euros. 117 000 consultations médicales et admissions à l’hôpital ont été prises en charge par cette assurance depuis son lancement. « Ce fonds sauve de nombreuses vies », souligne la docteure Melli Gilder interviewée dans le documentaire, qui œuvre aux côtés de la Shoklo Malaria Research Unit (SMRU). Docteure Gilder intervient dans les 7 cliniques mobilisées pour mettre en œuvre des projets de santé communautaire de part et d’autre de la frontière. Elle travaille essentiellement avec les femmes enceintes et les nouveau-nés. Elle assure des consultations de suivi de grossesse, de planification familiale et de contraception. Dans cette région, les besoins en matière d’accès aux services de santé sexuelle et reproductive sont critiques.

Entrez dans le quotidien des acteurs et bénéficiaires des soins, et découvrez l’impact des projets de la SMRU et de Dreamlopments sur le terrain, dans la région frontalière de Mae Sot :

Depuis les débuts du projet, L’Initiative a soutenu la SMRU à hauteur de 2 759 475€. Une partie de ce montant a permis la formation d’une centaine d’agents de santé communautaire aux enjeux des droits et santé sexuels et reproductifs et de la santé maternelle et infantile dans la province frontalière de Tak. Ces agents de santé vont ainsi à la rencontre des migrants pour sensibiliser sur ces enjeux de santé : c’est un moyen de lever l’obstacle de la langue dans l’accès aux soins.

Ladda travaille pour la SMRU depuis plus de 40 ans. Elle est directrice du département d’engagement public. Sur les comptes X, Facebook et LinkedIn de L’Initiative, son portrait raconte son histoire, en écho de celle de la migration birmane à la frontière thaïlandaise. Elle explique son implication sur le terrain, et comment les actions du projet porté par la SMRU améliorent les conditions sanitaires des déplacés.

Ladda Kajeechiwa – SMRU et Nang Ei Lawnt Ying – M-Fund

Des progrès significatifs sont déjà notables. Le projet M-Fund et celui porté par la SMRU poursuivent leur collaboration avec les acteurs du système de santé thaïlandais pour renforcer l’accès aux soins de santé des populations migrantes, et tendre vers l’objectif du gouvernement royal en termes de couverture universelle. Pour la docteure Melli Gilder, il est essentiel que la Thaïlande soutienne davantage l’accès à la santé pour ces travailleurs qui participent significativement à l’économie du pays. Le manque d’accessibilité et de disponibilité des soins de santé entrave la lutte contre les pandémies, favorise l’interruption des traitements et empêche la prévention des maladies. C’est pourquoi L’Initiative soutient ces projets, avec pour ambition de participer au respect du droit fondamental à la santé, et de contribuer à l’atteinte du troisième Objectif de développement durable – « Bonne santé et bien-être ».

Accès aux soins en zone rurale Asie du Sud-Est Barrières socio-économiques Droits et santé sexuels et reproductifs (DSSR) Équité dans l'accès aux soins Femmes enceintes Interventions communautaires M-FUND (Dreamlopments) Plaidoyer pour la santé Population mobile et migrante Santé communautaire Santé des enfants Shoklo Malaria Research Unit (SMRU)