L’Initiative et le genre : assurer l’équité en santé pour tracer le chemin de l’égalité
Dans un contexte mondial d‘offensives envers des droits des femmes et des minorités, L’Initiative poursuit son engagement en faveur de l’égalité de genre et la promotion des droits en santé sexuels et reproductifs. Adeline Battier, chargée de projets de L’Accélérateur et référente du groupe de travail interne sur la thématique « genre », nous explique comment ce soutien se traduit par des projets et des assistances techniques qui intègrent spécifiquement les besoins de santé propres aux femmes.
Qu’est-ce que la diplomatie féministe de la France et comment L’Initiative s’inscrit-elle dans cette stratégie ?
La France a choisi de faire de l’égalité entre les femmes et les hommes une priorité de sa politique internationale à travers sa diplomatie féministe. Cela concerne l’ensemble des domaines de la diplomatie française (développement humain et durable, cultures et économiques, paix et sécurité…). En santé, cela se traduit aussi par deux stratégies complémentaires : la stratégie française en santé mondiale et la stratégie internationale de la France en matière de droits et santé sexuels et reproductifs (DSSR).
En tant qu’instrument de financement bilatéral mais lié à l’appui multilatéral du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, L’Initiative est alignée sur ces stratégies. Pour réduire les inégalités de genre, elle promeut via les projets et les assistances techniques qu’elle finance des approches de santé adaptées à la singularité et la spécificité des besoins de chacune et chacun. Concrètement, cela se traduit par une attention particulière aux interventions visant la défense des droits des personnes vulnérables et des populations clés (notamment les femmes et les populations LGBT+) et l’abolition des barrières empêchant un accès équitable aux services de prévention, diagnostic, traitement et suivi de santé sur le VIH, la tuberculose et le paludisme et plus généralement sur l’ensemble des systèmes de santé des pays éligibles.
Dans le cadre de ses investissements sur le VIH, L’Initiative promeut une approche centrée sur les droits et santé sexuels et reproductifs (DSSR) intégrant l’ensemble de ces sujets (VIH/IST, cancers, suivi de grossesse…) à la défense des droits (accès à la contraception, avortement sécurisé, lutte contre les discriminations liées au genre et/ou à l’orientation sexuelle et les violences basées sur le genre …).
Comment cette stratégie et le travail de L’Initiative s’inscrivent-ils dans le contexte mondial en matière d’égalité des genres ?
L’Initiative s’engage depuis sa création en 2011 en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes à travers un soutien à des projets, des organisations et des politiques qui œuvrent concrètement en faveur d’un meilleur accès aux services de santé, de l’amélioration de la qualité des soins, d’une plus grande participation des femmes au sein des systèmes de santé et plus généralement, dans la lutte contre toutes formes de violences et de discriminations – y compris celles liées au genre.
Ce soutien se poursuivra en 2025, à la lumière de la nouvelle stratégie de diplomatie féministe de la France publiée ce 8 mars et dans un contexte international particulièrement tendu, où les droits des femmes en santé mondiale sont menacés – notamment dans leur accès à des soins de santé de base comme la contraception.
L’Initiative maintiendra sa stratégie 2023-2025 en accordant une place importante aux financements dédiés à des projets et assistances techniques incluant une dimension DSSR forte pour garantir une meilleure prise en compte des besoins des femmes en matière de soins de santé (offre adaptée et intégrée VIH/IST/contraception/avortement, prévention du paludisme lors de la grossesse, appui médical et psychologique en cas de violences basée sur le genre …).
Quelles ont été les soutiens de L’Initiative en 2024 sur ce sujet ? Comment L’Initiative appuie-t-elle concrètement l’égalité femmes-hommes en matière de santé ?
Entre 2020 et 2024, L’Initiative a financé plus de 75 projets intégrant une dimension de lutte contre les inégalités de genre en santé (CAD 1 ou 2 selon les critères de l’OCDE), soit près de 76 % de l’ensemble des projets soutenus, pour un total de près de 146 millions d’euros.
Les bénéficiaires d’assistance technique sont aussi encouragés à demander un appui sur ces sujets, pour une assistance dédiée (ex : élaboration d’un plan d’action sur le genre pour un programme de lutte contre la tuberculose ou une organisation de la société civile) ou pour mieux intégrer le genre dans une mission plus large (ex : élaboration d’un plan stratégique nationale de lutte contre le VIH, la tuberculose ou paludisme par exemple, enquêtes épidémiologiques/enquêtes bio-comportementales …).
L’accompagnement proposé aux porteurs de projets par l’intermédiaire de l’équipe de L’Initiative ou par une assistance technique dédiée a ainsi permis à près de 57 % des projets sélectionnés lors des appels à projets 2023 d’améliorer leur prise en compte du genre.