VIH-sida : des défis persistants
Chaque minute en 2023, une personne décédait du sida, causé par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). En l’absence de traitement, ce syndrome se caractérise par la survenue d’infections et de maladies opportunistes qui peuvent se développer à mesure que l’immunosuppression s’aggrave, du fait de la progression de l’infection à VIH.
Si l’accès aux traitements est aujourd’hui facilité (30,7 millions de personnes ont accès à une thérapie antirétrovirale), il reste encore beaucoup à faire pour éradiquer cette épidémie. Selon l’ONUSIDA, 660 000 enfants séropositifs n’avaient toujours pas accès aux traitements et, chaque semaine, 4 000 adolescentes et jeunes femmes, âgées de 15 à 24 ans, contractaient le VIH dans le monde, en 2022. À cela s’ajoutent les difficultés persistantes dans l’accès aux soins, en particulier en Afrique subsaharienne. Autant de facteurs d’inégalités qui soulignent l’urgence d’une riposte solidaire et coordonnée.
- 8
pays d’Afrique subsaharienne
Ils concentrent à eux seuls 65 % des personnes séropositives.
- 1ʳᵉ
cause de mortalité chez les adolescents
Le sida est la première cause de mortalité chez les 10-19 ans en Afrique subsaharienne.
- 14 %
des personnes vivant avec le VIH l’ignorent
Encore 5,4 millions de personnes vivant avec le VIH ne connaissent pas leur statut sérologique.
L’impérieuse nécessité d’une riposte solidaire
Malgré ces obstacles et l’absence de vaccin préventif ou curatif, les pays qui investissent massivement dans une réponse coordonnée et collective enregistrent des résultats encourageants. L’Initiative inscrit son action dans le cadre de la stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026, Mettre fin aux inégalités, qui appelle à mobiliser les acteurs politiques, sociaux et économiques, ainsi que les personnes vivant avec le VIH et les populations les plus vulnérables face à la pandémie. Il s’agit de promouvoir une démarche solidaire, qui garantit le droit à la santé pour tous et toutes, et qui vise à éradiquer de concert les inégalités et le sida.
Nos engagements face à une pandémie tenace
Grâce à L’Initiative, la France participe à la riposte. En 2023, 16,7 millions d’euros ont été dépensés via des projets catalytiques et de l’assistance technique spécifiquement ciblés contre le VIH.
- 41 %
En 2023, 41 % des projets en cours de L’Initiative étaient associés à la riposte au VIH.
Cet engagement nous permet de souscrire à l’ambition affichée par l’ONUSIDA d’en finir avec le sida d’ici 2030. Pour y parvenir, nous soutenons des projets favorisant le dépistage et le traitement du VIH pédiatrique ; la démédicalisation des démarches de prévention et de diagnostic ; la riposte contre les co-infections du VIH et particulièrement la tuberculose et le papillomavirus humain ; les actions de plaidoyer, de prévention et de soin envers les populations marginalisées.
Agir en faveur de la jeunesse
Environ 2,7 millions d’enfants et adolescents vivent avec le VIH dans le monde. L’ONUSIDA estime que la moitié d’entre eux (52 %) seulement bénéficie d’un traitement antirétroviral. L’Initiative redouble d’efforts par le biais de partages d’expertises sur le VIH pédiatrique, ainsi que des projets ou des expertises ciblées. Elle met à la disposition de ses experts des ressources sur la transition vers les nouveaux traitements pédiatriques.
L’Initiative soutient également le projet Passerelles, porté par Sidaction, pour améliorer l’accès des enfants, des adolescents et des jeunes aux services de prévention et de prise en charge du VIH au Burundi, au Togo et en Côte d’Ivoire. Le but : consolider le leadership et la participation des jeunes aux processus décisionnels et aux actions de lutte contre le VIH chez les enfants et les adolescents.
Déployer de nouveaux traitements pédiatriques
Nous contribuons à la diffusion des bonnes pratiques en termes de prévention et à une meilleure information sur les traitements pédiatriques novateurs. Parmi les molécules les plus récentes et reconnues, le dolutégravir est désormais disponible en formulation pédiatrique et recommandée par l’OMS. Afin d’accélérer son déploiement, nous avons produit une boîte à outils destinée aux experts partenaires, en particulier ceux d’Afrique de l’Ouest et centrale où la disponibilité du traitement était en retard.
Améliorer l’accès aux droits et santé sexuels et reproductifs
Les droits à la santé sexuelle et reproductive (DSSR) sont associés à la reconnaissance et à la protection des droits fondamentaux des individus en matière de sexualité, de reproduction, de santé et de bien-être sexuels.
À travers sa stratégie 2023-2027, la France reconnaît et défend le droit de chacun à prendre des décisions autonomes et informées concernant ses partenaires, sa sexualité, sa santé sexuelle et reproductive, ainsi que ses pratiques, sa contraception ou son choix de fonder une famille.
L’Initiative a renforcé son positionnement sur ces enjeux en finançant des missions d’assistances techniques et des projets d’intervention ou de recherche opérationnelle ciblant ces questions, au bénéfice de ministères de la Santé, d’instituts de recherche, d’organisations de la société civile et/ou d’instances de coordination des subventions du Fonds mondial.
En République démocratique du Congo, en Mauritanie, en Côte d’Ivoire ou au Sénégal, L’Initiative soutient des associations qui agissent pour informer les adolescents et les jeunes filles sur leurs droits, les orienter vers des services de soins adaptés et leur offrir une prise en charge globale face au VIH, à la tuberculose, au paludisme et à leurs co-infections.
Renforcer la prise en charge
Malgré l’extension de l’accès aux trithérapies, 630 000 personnes meurent chaque année du VIH dans le monde. De nombreux patients arrivent en parcours de soins à un stade avancé de l’infection, avec un risque de développer des maladies sévères. Pour sauver ces patients, un protocole précis doit être suivi par des médecins bien formés, qui ont accès aux tests et soins adéquats. L’Initiative a réalisé une « boîte à outils » dédiée pour équiper les experts et les programmes d’Afrique francophone engagés pour renforcer la riposte contre le VIH avancé.
Valoriser les savoir-faire communautaires
On ne peut mettre fin à l’épidémie d’infections à VIH sans orienter plus d’efforts vers les communautés les plus exposées. Les acteurs communautaires jouent un rôle essentiel dans cette dynamique, à travers la démédicalisation. Ce processus consiste à aller au-devant des personnes les plus exposées en formant des agents de santé communautaires à des actions traditionnellement réalisées par les médecins ou des infirmières à l’hôpital ou dans les centres de santé. Ainsi, les populations habituellement éloignées des opportunités de prévention et de diagnostic peuvent être dépistées et accompagnées vers les soins pour être traitées.
Encourager l’éducation par les pairs
Cette démarche suppose la mise à contribution d’un « pair », c’est-à-dire une personne appartenant au même groupe social que le bénéficiaire, en particulier du fait de son âge, ou de sa situation professionnelle. L’Initiative soutient des projets et des structures associatives qui placent la pair-éducation au cœur de la prise en charge, particulièrement en Afrique de l’Ouest et centrale, où plus de 100 000 jeunes – dont deux sur trois sont des jeunes filles – sont infectés par le VIH chaque année. Face à l’ampleur de la situation, l’ONG Solthis porte le projet PAJES, pour favoriser la montée en puissance d’un plaidoyer interassociatif en faveur des DSSR via l’autonomisation des adolescentes en Guinée.
Intégrer les risques associés aux co-infections
La menace d’une co-infection pèse lourd sur les épaules des personnes séropositives. Si celles-ci contractent une autre infection (ex : papillome humain, tuberculose, hépatites virales, etc.), l’évolution clinique de la nouvelle maladie sera plus incertaine et sa prise en charge plus complexe que chez les personnes séronégatives. Chacune de ces co-infections nécessite une prise en charge ciblée, ainsi que des actions de prévention spécifiques. Pour ce faire, L’Initiative soutient des ONG telles que Santé Diabète au Mali, au Burkina Faso et aux Comores pour offrir une meilleure prise en charge des comorbidités VIH/diabète.
Ces co-infections s’accentuent avec l’âge : de nouvelles pathologies liées au vieillissement (comme les hépatites ou l’hypertension artérielle) s’ajoutent au VIH. Or, un quart des patients séropositifs ont 50 ans et plus. Pour mieux les prendre en charge ces co-infections, L’Initiative appuie le projet VIHeillir qui offre une approche intégrée de la santé de ces seniors vivant avec le VIH, au Cameroun et au Sénégal.
Lutter contre le cancer du col de l’utérus
Les liens entre VIH, virus du papillome humain (HPV) et cancers sont établis : les femmes immunodéprimées sont plus vulnérables à une infection à HPV, pouvant évoluer en cancer du col de l’utérus. En 2022, L’Initiative a dédié son appel à projets de recherche opérationnelle à la co-infection VIH/HPV et aux cancers associés. Parmi ceux financés, un projet de l’Institut de recherche français Bouisson Bertrand évaluera la faisabilité et l’acceptabilité d’un programme de dépistage du cancer du col de l’utérus intégré dans une offre de santé reproductive chez les femmes séropositives et en population générale. Une assistance technique de L’Initiative a également permis au Centre national du VIH-sida, de la dermatologie et des maladies sexuellement transmissibles du Cambodge (NCHADS) d’élaborer des procédures opérationnelles standardisées pour soutenir le dépistage du cancer du col de l’utérus, chez les femmes vivant avec le VIH et recevant des soins au sein des sites de traitement antirétroviral
Remettre au centre les populations marginalisées
Les populations marginalisées souffrent de précarité économique et d’isolement social qui rendent plus difficile l’accès aux services de santé. Elles peuvent être discriminées et se voir refuser les soins du fait de leur sexe, de leur identité de genre, de leur orientation sexuelle, de leur statut migratoire ou professionnel. Face à ce constat, L’Initiative s’engage à élaborer des plaidoyers ciblés et à entreprendre des actions concrètes en vue de soutenir ces communautés marginalisées et plus exposées au risque d’infection. Cela nécessite de veiller à l’intégration des besoins de ces populations dans les demandes de financement.
Pour accélérer cette lutte contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH, L’Initiative a signé un partenariat avec l’ONUSIDA pour appuyer la réponse communautaire, et réduire les inégalités en matière d’accès aux soins et au traitement, pour les populations les plus vulnérables dans ces six pays d’Afrique de l’Ouest et centrale.
Garantir l’accès des personnes transgenres à la santé
L’Initiative soutient l’organisation internationale Enda Santé en Côte d’Ivoire pour répondre aux besoins spécifiques des personnes transgenres et lutter contre les discriminations dont elles sont victimes. Le projet REVU Trans cherche ainsi à favoriser leur inclusion et à accroître leur représentation au sein des initiatives en santé.