Lutter contre les HPV et le cancer du col de l’utérus
L’Initiative élargit ses interventions à la lutte contre le cancer du col de l’utérus, causé par les virus du papillome humain (HPV). Très contagieux, ces virus, sexuellement transmissibles, sont particulièrement meurtriers pour les femmes vivant avec le VIH.
Les virus à papillome humains (ou papillomavirus humains) sont des agents infectieux très répandus et contagieux, qui se transmettent principalement par voie sexuelle. Une grande majorité des femmes et des hommes sexuellement actifs seront affectés, au cours de leur vie, par un des 200 types de papillomavirus existants. Certains d’entre eux sont néanmoins identifiés comme HPV à haut risque oncogène et sont susceptibles de persister et d’évoluer vers des verrues génitales, de graves lésions ou des cancers, notamment du col de l’utérus, chez les femmes.
Une menace pour la santé mondiale
En 2020, 604 000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus ont été recensés dans le monde, tous dus à une infection aux HPV. La maladie touche de manière disproportionnée les femmes issues des pays à revenus faibles ou intermédiaires, en particulier en Afrique, où sont recensés 85 % des cas mondiaux.
Le cancer du col de l’utérus est aussi particulièrement révélateur des inégalités mondiales. Son incidence est en effet d’autant plus forte que les femmes touchées sont dépistées tardivement, ont un accès limité aux services de soins ou sont exposées à des cofacteurs de risque supplémentaires (en particulier le VIH, mais aussi le tabagisme). Le cancer du col de l’utérus est ainsi le quatrième cancer le plus fréquent chez les femmes dans le monde, mais le second en Afrique.
- 342 000
femmes
Le nombre de femmes décédées du cancer du col de l’utérus dans le monde en 2020.
- 2
minutes
Une femme décède toutes les 120 secondes d’un cancer du col de l’utérus.
- 19
pays
Sur les 20 les plus touchés par ce type de cancer, la quasi-totalité se trouve en Afrique.
Répondre à une double vulnérabilité
Pour de nombreuses femmes, le VIH et le cancer du col de l’utérus peuvent représenter un double fardeau dramatique. En effet, ces deux maladies se renforcent mutuellement : d’une part, les femmes infectées par le VIH ont un risque six fois plus élevé de développer un cancer du col de l’utérus ; d’autre part, les femmes infectées par un papillomavirus humain présentent un risque accru d’être infectées par le VIH.
Ici encore, c’est l’Afrique qui est particulièrement confrontée à cette double vulnérabilité. Les femmes vivant avec l’un ou l’autre des virus y sont surreprésentées et doivent composer avec des systèmes de santé fragiles où la vaccination, le dépistage et les traitements sont trop peu disponibles.
- 90 %
des décès dus au cancer du col de l’utérus surviennent dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires.
L’élimination du cancer du col de l’utérus comme ambition
Le cancer du col de l’utérus est la seule maladie non transmissible qui peut être éradiquée. La maladie peut être prévenue grâce à des vaccins contre les papillomavirus, mais aussi en traitant les lésions précancéreuses, et enfin, elle peut être traitée lorsqu’elle est détectée à temps. Malgré ces solutions efficaces et disponibles, le HPV continue à se propager et à engendrer des centaines de milliers de cancers du col de l’utérus dans le monde, car les barrières d’accès sont nombreuses.
Au niveau de l’offre, ces barrières sont caractérisées par :
- le coût élevé des techniques de dépistage efficaces ;
- la lenteur de l’intégration de la prévention secondaire (traiter les lésions précancéreuses) dans les directives nationales ;
- le retard dans la mise en place de la vaccination contre le HPV, en raison du coût du vaccin, mais aussi parce qu’il renvoie à la sexualité, laquelle reste tabou dans de nombreuses sociétés.
D’autres obstacles viennent s’ajouter à ces barrières, tels que le manque de connaissances sur le HPV et ses conséquences, ou encore le coût d’accès aux services de santé pour les malades.
L’Initiative s’inscrit dans la stratégie de l’OMS, qui prévoit l’éradication de la maladie d’ici 2030 grâce à une généralisation mondiale de la vaccination, du dépistage et des traitements. Nous soutenons donc autant la recherche opérationnelle que les projets sur le terrain.
Soutenir la recherche opérationnelle
L’Initiative a spécifiquement dédié son appel à projets de recherche opérationnelle 2022 à la co-infection VIH/HPV et aux cancers associés. L’objectif : tester et valider des stratégies innovantes pour améliorer les services de prévention, de diagnostic et de prise en charge précoce des cancers liés au papillomavirus humain chez les personnes vivant avec le VIH.
Pour un dépistage intégré à l’offre de soins
L’Institut de recherche français Bouisson Bertrand évalue une stratégie d’intégration du dépistage du cancer du col de l’utérus dans une offre globale de santé sexuelle et reproductive au Cameroun.
Évaluer l’acceptabilité et la faisabilité de l’autoprélèvement
Au Ghana, l’Institut de recherche Noguchi Memorial évalue l’acceptabilité et la fiabilité de l’autoprélèvement pour le test HPV et, plus largement, cherche à déterminer la meilleure manière d’intégrer ce dépistage aux soins de routine pour les femmes vivant avec le VIH.
Optimiser les stratégies de dépistage
L’Institut de recherche pour le développement ambitionne d’optimiser les stratégies de dépistage du cancer du col de l’utérus après un test HPV positif chez les femmes vivant avec le VIH au Cameroun.
Déployer des solutions sur le terrain
L’Initiative et ses partenaires appuient des démarches innovantes en matière de prévention du HPV, en considérant l’ensemble du spectre infectieux du HPV et du VIH, ainsi que les cancers associés.
Cela commence par le déploiement à grande échelle de la vaccination des adolescents contre le HPV. Il s’agit de la stratégie de prévention primaire, qui offre la protection la plus durable et la plus efficace contre le papillomavirus. Nous soutenons ensuite des actions de prévention dite secondaire. Elles se concrétisent au travers d’innovations techniques de dépistage du HPV et de traitement des lésions précancéreuses (détection précise du HPV par biologie moléculaire, traitement par l’ablation thermique, suivi numérique des patientes sur plusieurs années, etc.).
SUCCESS : Un projet phare pour contrer le cancer du col de l’utérus
Les objectifs fixés par l’OMS ne sauraient être atteints sans consentir un effort important de financement, en particulier auprès des pays les plus vulnérables. L’Initiative participe à cette démarche, notamment au travers de son soutien au projet SUCCESS, qui bénéficie du soutien d’Unitaid. Ce programme a permis de concrétiser des approches innovantes, qui ont été intégrées dans des documents normatifs de prévention du cancer du col de l’utérus, des plans stratégiques et des outils d’éducation, d’information et de communication au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Guatemala et aux Philippines. Il s’étend maintenant dans d’autres pays, comme en Guinée ou au Bénin.
Outiller les experts
L’Initiative propose de nombreuses ressources à ses experts déployés sur les missions d’assistance technique afin de favoriser l’équité dans l’accès aux connaissances, et ainsi réduire les différences injustes, évitables et remédiables. Parmi ces connaissances, L’Initiative a regroupé celles relatives au HPV dans la « Boîte à outils – S’engager dans lutte contre le cancer du col de l’utérus, plusieurs opportunités ». Qu’il s’agisse de la mise à jour des plans stratégiques nationaux (PSN), de la rédaction des requêtes de financement auprès du Fonds mondial, de la vulgarisation des résultats de recherche scientifiques ou encore de la conduite d’études, L’Initiative met à disposition des experts programmatiques de nombreux documents pertinents pour œuvrer à l’intégration des services de prévention du cancer du col de l’utérus dans les services VIH.