Paludisme.
Des risques de dégradation
L’Organisation mondiale de la Santé considère que la moitié de la population mondiale est exposée au risque de paludisme. En 2022, plus de 600 000 décès ont été imputés à cette maladie provoquée par un parasite que transmettent certains moustiques.
Si l’éradication de cette pandémie demeure l’ambition partagée par les instances sanitaires mondiales, elle est aujourd’hui freinée par plusieurs phénomènes : la stagnation des investissements, la résistance croissante aux insecticides et aux antipaludiques, un déclin de l’efficacité des tests de diagnostic rapide (TDR) en raison de l’apparition de mutations, l’arrivée de nouvelles espèces de moustiques ainsi que le changement climatique. En dépit d’une réduction sensible de la charge mondiale de morbidité palustre au cours des deux dernières décennies, la pandémie de paludisme demeure très active, en particulier sur le continent africain.
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minutes
Toutes les 120 secondes, un enfant décède des suites du paludisme.
- 249
millions de personnes
Touchées par la maladie dans le monde en 2022.
- 95 %
des cas détectés en Afrique
La région supporte la quasi-totalité de la charge mondiale du paludisme.
Nous combattons le paludisme sur tous les fronts
Le paludisme pose d’importants défis à la communauté mondiale. L’Initiative participe à la riposte en apportant un soutien technique et financier, afin de renforcer l’impact des programmes financés par le Fonds mondial. Nous nous mobilisons à toutes les échelles du combat : surveillance (appui aux laboratoires nationaux pour suivre l’efficacité thérapeutique), prévention (sensibilisation à l’utilisation des équipements répulsifs, généralisation de l’accès au diagnostic, accès à la chimio-prévention) ; traitements (amélioration de l’accès aux médicaments antipaludiques) ; recherche opérationnelle (financement de projets innovants stratégiques et techniques) ; accès aux soins des populations vulnérables (soutien ciblé aux femmes enceintes et enfants de moins de 5 ans).
L’Initiative apporte sa contribution à l’effort collectif pour atteindre les objectifs de la stratégie mondiale de lutte contre le paludisme : réduire d’au moins 90 % l’incidence de la maladie et la mortalité palustre d’ici 2030 par rapport à 2015.
Notre approche est globale : sanitaire et environnementale
Le changement climatique est un catalyseur du risque épidémique et nous oblige à transformer notre approche dans la lutte contre le paludisme. Une augmentation des températures moyennes pourrait en effet allonger les périodes propices à la transmission de la maladie, notamment en modifiant le comportement et les zones de présence des moustiques (voir l’étude parue dans The Lancet en 2022).
La crise climatique est un des nombreux moteurs du paludisme que nous prenons désormais en considération dans nos actions et l’attribution de nos investissements.
Adopter le concept One Health
Appliqué à la lutte contre le paludisme, le concept de One Health (Une seule Santé) implique de prendre en compte les interactions complexes entre les êtres humains, les animaux, les moustiques vecteurs de maladies et leurs parasites, mais également l’écosystème dans lequel nous co-évoluons. L’Initiative intègre dans sa stratégie l’approche One Health, en lien avec nouvelle stratégie européenne en matière de santé mondiale. Cette approche permet de mieux comprendre les facteurs de transmission de la maladie, grâce à une approche non anthropocentrée, multidisciplinaire et intégrée.
Nous accentuons notre soutien à la recherche
L’Initiative soutient des programmes de recherche opérationnelle et l’innovation en termes de prévention, de diagnostic et de prise en charge du paludisme. Cet investissement est crucial, notamment pour relever le défi de la pharmacorésistance croissante des parasites et des moustiques, soutenir des approches innovantes de prévention de la maladie mais aussi pour anticiper les répercussions du changement climatique sur la propagation et l’évolution de la maladie.
C’est pourquoi nous lançons, chaque année depuis 2018, un appel à projets spécifique dédié à la recherche opérationnelle, celui de 2023 ciblant la prévention du paludisme.
Renforcer le déploiement de traitements efficaces
Après un peu plus d’une décennie de déploiement, la chimio-prévention du paludisme saisonnier (CPS) a formidablement contribué à réduire la prévalence de la maladie chez les nourrissons et les jeunes enfants. L’OMS recommande cette combinaison de médicaments antipaludiques aux personnes à haut risque de paludisme grave.
La CPS n’est cependant pas encore assez répandue et nous soutenons donc des projets de recherche qui ambitionnent d’accélérer son déploiement et d’optimiser son utilisation. C’est le cas pour un projet porté par l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) du Burkina Faso, qui vise à dépister et traiter l’entourage direct (vivant sous le même toit) des enfants prenant un traitement préventif.
L’émergence d’un vaccin antipaludique
En octobre 2022, l’OMS a annoncé recommander le RTS,S, premier vaccin antipaludique « révolutionnaire » pour les enfants exposés au risque de paludisme. Ce tout premier vaccin présente une efficacité pourtant relative (30 % de protection maximale) et nécessite de recourir à 4 injections. Malgré ces contraintes, le déploiement du RTS,S demeure porteur d’espoir, comme en atteste une récente étude mettant en évidence une réduction drastique du paludisme et de sa mortalité lorsque la vaccination est associée à la chimio-prévention saisonnière.
Cette avancée renforce notre détermination à soutenir le déploiement des stratégies thérapeutiques complémentaires.
Notre action est résolument tournée vers les pays africains
Le continent africain paye le plus lourd tribut à la pandémie de paludisme. La quasi-totalité (96 %) des 619 000 décès attribués à cette maladie ont été enregistrés dans cette région. 80 % de ces décès concernent des enfants de moins de 5 ans. Aux pertes humaines s’ajoutent les conséquences économiques de la pandémie, évaluées par la Banque mondiale en 2013 à un impact négatif sur la croissance pouvant atteindre 1,3 point de pourcentage par an dans plusieurs pays africains.
C’est par conséquent vers ces régions que L’Initiative oriente la majeure partie de ses interventions en faveur de la lutte contre le paludisme. En complément, L’Initiative soutient fidèlement depuis 2013 les efforts d’élimination du paludisme en Asie du Sud-Est, notamment parce qu’il s’agit de prévenir la propagation de parasites résistants aux antipaludiques les plus utilisés.
Anopheles stephensi : la crainte d’un nouveau vecteur en Afrique
Originaire d’Asie, Anopheles stephensi est une espèce de moustique vectrice du paludisme apparue en 2012 dans la corne africaine, à Djibouti, qui était alors en passe d’éliminer le paludisme. Elle se diffuse depuis à travers le continent et a récemment été repérée au Nigéria. La propagation de ce vecteur suscite de vives préoccupations parmi les experts en raison de sa capacité à s’installer en milieu urbain tout en transportant deux parasites responsables du paludisme grave (c’est-à-dire P. falciparum et P. vivax). Sa résistance alarmante aux insecticides les plus puissants ajoute à la complexité de la situation.
L’Initiative apporte son soutien à la riposte régionale lancée par l’OMS pour contrer cette menace. Son appui englobe le renforcement des programmes de surveillance urbains et l’amélioration de la description du comportement de cette nouvelle espèce.
Protéger les populations vulnérables
Nous portons une attention particulière aux populations les plus vulnérables et les plus exposées au risque paludique, particulièrement celles du continent africain. Nous soutenons ainsi plusieurs programmes ciblés, à l’instar de l’évaluation menée au Bénin pour mieux comprendre les obstacles aux stratégies de lutte contre le paludisme chez les femmes enceintes, du projet d’optimisation de la chimio-prévention du paludisme saisonnier chez les jeunes enfants burkinabés ou encore du plan de réduction du paludisme parmi les saisonniers itinérants en Éthiopie.