La persistance de la tuberculose relève d’un cruel paradoxe : celui d’une maladie contre laquelle des traitements efficaces existent mais qui cause plus de 1,25 million de décès chaque année, faute d’un accès équitable au diagnostic et aux soins.
L’OMS estime que 8,2 millions de personnes ont contracté la tuberculose en 2023 (sur 10,8 millions de cas estimés). 3,1 millions de nouveaux malades échapperaient au diagnostic. Ces dernières années, les progrès dans la lutte contre la tuberculose ont été ralentis, notamment, par la pandémie de COVID-19 et la pharmacorésistance croissante aux traitements contre le Mycobacterium tuberculosis, le bacille responsable de la maladie. L’heure est donc plus que jamais à la mobilisation pour parvenir à renverser la tendance et tenter de se rapprocher de l’objectif initial : réduire de 90 % les décès dus à la tuberculose d’ici 2035.
Appuyer les partenaires dans toutes les dimensions de la riposte
L’Initiative a dépensé plus de 28,9 millions d’euros dans la lutte contre la tuberculose entre 2019 et 2025. En 2024, 31 % des projets et 21 % des assistances techniques soutenus en cours ont au moins une composante tuberculose. L’Initiative s’engage dans tous les domaines essentiels de la lutte : la recherche scientifique et l’innovation thérapeutique, le diagnostic et la prise en charge de la tuberculose pédiatrique, l’amélioration de la prise en charge des populations marginalisées, ou encore le renforcement des capacités communautaires.

Soutenir la recherche opérationnelle
Depuis 2018, L’Initiative a publié deux appels à projet spécifiques à la recherche opérationnelle contre la tuberculose, en complément des projets déjà financés via d’autres appels à proposition. Cet effort porte sur les domaines de la prévention, du dépistage et des traitements, ainsi que les projets qui répondent aux besoins des populations vulnérables en les plaçant au cœur de la lutte. Parmi les initiatives soutenues, le projet Drive-TB, qui vise à réduire la tuberculose chez les usagers de drogues injectables de la ville de Haïphong, au Vietnam, ou le projet de l’Armauer Hansen Research Institute, dont le but est de concevoir, mettre en œuvre et évaluer un ensemble d’interventions communautaires contre la tuberculose afin de détecter et de traiter davantage de cas au sein des populations urbaines.

Relever le défi de l’infection tuberculeuse latente
La tuberculose est dit latente lorsqu’une personne infectée par la bactérie Mycobacterium tuberculosis ne présente pas de symptôme actif de la maladie. Environ un quart de la population mondiale serait porteur de cette forme « dormante » de la maladie et 5 à 10 % de ces personnes développeront une forme active au cours de leur vie. Ces malades constituent donc un important réservoir humain pour la tuberculose, situation qui nécessite d’investir dans des stratégies ciblées de détection précoce et de traitement. L’Initiative soutient ainsi plusieurs projets de recherche, parmi lesquels « Améliorer le dépistage et la prise en charge de l’infection tuberculeuse latente au Cameroun et à Madagascar (APRECIT) », ou encore « Optimiser le traitement de la tuberculose latente chez les personnes vivant avec le VIH au Cambodge (OPTICAM) », porté par l’Institut Pasteur du Cambodge.
Investir le champ de la tuberculose infantile
1,3 million d’enfants ont contracté la tuberculose dans le monde, en 2023. Les enfants comptent parmi les populations les plus vulnérables à cette maladie et constituent une cible majeure de nos actions. D’abord, en raison du diagnostic, qui est plus difficile chez les enfants, faute d’outils adaptés ; ensuite, parce que les jeunes patients atteints d’une infection tuberculeuse latente présentent un risque plus élevé de développer une forme grave et de propager ensuite la maladie à leur entourage. Dans ce contexte, L’Initiative soutient les solutions en faveur d’un meilleur accès au diagnostic et aux traitements pour les enfants comme en Sierra Leone dans le cadre du projet Free TB Children.

Améliorer le protocole de diagnostic pédiatrique
Pour intensifier la réponse au défi majeur qu’est la tuberculose pédiatrique, L’Initiative
soutient des projets focalisés sur de nouvelles approches de dépistage et de traitement, à
l’instar du projet TB-Speed, porté par l’université de Bordeaux. Un autre projet engagé par
les équipes universitaires bordelaises, eHealth4ChildTB, est financé par L’Initiative depuis
juillet 2024. Son but : améliorer la prise en charge de la maladie chez les enfants grâce à
une meilleure application des recommandations de traitement de l’OMS.
Placer les communautés au centre de nos actions
L’Initiative soutient des projets conçus pour et avec les populations que les marginalisations sociale ou économique exposent le plus à la tuberculose : jeunes femmes, populations carcérales, usagers de drogues, personnes migrantes, etc. En plaçant ces communautés au centre des actions, elles contribuent activement à la conception, à la gestion et à l’évaluation des services de santé qui les concernent directement. Ce faisant, L’Initiative œuvre de manière significative à l’amélioration de leur santé et de leur bien-être.

Améliorer la prise en charge en milieu carcéral à Madagascar
À Madagascar comme ailleurs, les détenus souffrent d’un déficit d’accès à la santé. L’Initiative soutient le projet MIARINA, porté par l’Institut Pasteur de Madagascar, qui vise à améliorer la prise en charge globale de la tuberculose et du VIH en milieu carcéral sur la Grande Île. Opérationnel depuis 2019 dans quatre prisons, ce projet développe des programmes de recherche (étude des stratégies de santé en milieu carcéral), de soins médicaux adaptés, de soutien psychosocial et de réinsertion.
Renforcer la recherche active de cas au Burundi
La pandémie de Covid-19 a eu pour effet de faire chuter le nombre de cas de tuberculose notifiés aux autorités sanitaires dans le monde. Une limite qui, au Burundi, s’ajoute à un écart déjà important entre le nombre de dépistages et celui de cas notifiés à l’OMS. Face à cette situation, L’Initiative accompagne le Programme national intégré lèpre et tuberculose du pays dans sa nouvelle stratégie d’amélioration de l’offre de soins tuberculose et de dépistage chez les populations à haut risque (miniers, pêcheurs, réfugiés, prisonniers, etc.). Les autorités ont inscrit l’engagement communautaire de ces populations au cœur de leur démarche.


Sensibiliser et impliquer la communauté au Laos
L’Asie du Sud-Est concentre le plus grand nombre de nouveaux cas de tuberculose au niveau mondial (45 % en 2023) et le taux de mortalité le plus élevé dû à cette maladie. Dans la région, le Laos connaît une situation préoccupante qui découle en grande partie d’un manque d’information au sein des populations, en particulier dans les régions rurales isolées, concernant la maladie et ses symptômes. Depuis juillet 2020, L’Initiative finance un projet de recherche active des cas, mis en œuvre par l’ONG Community Health and Inclusion Association (CHIAs). Soutenu dans le cadre d’une seconde phase, ce projet vise à identifier les patients perdus de vue, à mieux sensibiliser, à identifier les cas présumés et à faciliter l’accès au dépistage et aux traitements contre la tuberculose dans la province de Savannakhet. Ainsi, il a pour objectif de mettre à disposition des traitements préventifs aux enfants à risque éligibles.