Paludisme : l’injustice insupportable, l’action incontournable
Certaines maladies frappent au hasard. D’autres prospèrent sur l’injustice. Le paludisme appartient à cette seconde catégorie. Il tue encore aujourd’hui près de 600 000 personnes chaque année, alors qu’il est évitable et traitable. Il pèse surtout sur les plus vulnérables : 450 000 enfants de moins de cinq ans en Afrique subsaharienne en sont morts en 2023. Une hécatombe évitable. Une tragédie inacceptable.
Nous avons pourtant les armes pour vaincre cette maladie. Les moustiquaires imprégnées réduisent de 45 % la transmission. En combinant prévention médicamenteuse et lutte antivectorielle, nous pourrions diminuer de 78 % le fardeau du paludisme. Avec la vaccination récemment recommandée par l’OMS, ce chiffre grimperait à 92 %. Alors pourquoi laisse-t-on encore mourir des centaines de milliers d’enfants ?
Pire encore : après 20 ans de progrès, la lutte contre le paludisme s’enlise. Grâce à des investissements massifs, notamment du Fonds mondial, l’épidémie avait reculé de façon spectaculaire. Mais depuis une décennie, les avancées stagnent. Certains pays progressent, d’autres voient des résurgences. L’Afrique subsaharienne, dont la population croît rapidement, reste piégée dans un cycle infernal. Aujourd’hui, l’incidence du paludisme est comparable à celle d’il y a 25 ans.
Le pire est peut-être à venir. Le retrait annoncé des États-Unis du financement mondial du paludisme pourrait provoquer 15 millions de cas supplémentaires et 107 000 décès en plus cette année. Un retour en arrière dramatique.
Nous sommes à un tournant. Soit nous redoublons d’efforts et ciblons mieux nos actions, soit nous laissons des décennies de progrès s’effondrer. L’inaction n’est pas une option. La lutte contre le paludisme est un impératif moral et de santé publique. Le moment d’agir, c’est maintenant.