En 2022, l’enjeu est d’assurer notre capacité collective à poursuivre la lutte contre les pandémies. Pour cela, la communauté internationale doit abonder au Fonds mondial, comme tous les trois ans. Éric Fleutelot revient sur ce qui dépend de ce refinancement.
« À l’automne 2022 se tiendra la conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le VIH-sida, la tuberculose et le paludisme à Washington, aux États-Unis. L’enjeu sera de taille pour ce partenariat unique qui regroupe les pays donateurs, les pays qui mettent en œuvre les ripostes aux pandémies et les nombreux partenaires techniques et sociétés civiles. Il lui faut recueillir les promesses de dons pour financer la lutte contre les pandémies pour les trois prochaines années alors que, selon toute vraisemblance, le monde sera toujours mobilisé contre la pandémie de Covid-19.
La France sera présente à cet événement majeur pour l’aide en santé. Expertise France y prendra toute sa place. En effet, par l’intermédiaire de L’Initiative VIH-sida, tuberculose et paludisme, l’agence met en œuvre la stratégie française en santé mondiale et est un partenaire clé du Fonds mondial, reconnu et apprécié.
À cette conférence, le Fonds mondial arrivera avec un bilan certes très honorable mais dans un contexte où les indicateurs pour chaque maladie sont inquiétants. Dans son rapport 2021, le Fonds mondial constate qu’en raison de la Covid-19, le dépistage du VIH avait diminué de 22 %, privant 30 millions de personnes de tests. Un million de personnes de moins ont été dépistées et traitées pour la tuberculose, et le nombre de cas suspects testés pour le paludisme a diminué de 4,3 %.
La solution ? Une intensification de la riposte contre les maladies est nécessaire. Cela doit inclure des plans de rattrapage taillés sur mesure, pays par pays pour les programmes les plus affectés. Mais cela suppose une mobilisation financière renouvelée et même amplifiée. Le secrétariat du Fonds mondial estime qu’il faudra au moins 18 milliards de dollars, un ambitieux compromis entre ce qui est nécessaire, ce que les pays « implémenteurs » pourront mettre œuvre, et ce que les pays donateurs peuvent apporter.
Le Fonds mondial devra jouer un rôle plus fort dans les futures pandémies. Mais y parviendra-t-il tout en poursuivant l’objectif d’élimination des pandémies de VIH, de tuberculose et de paludisme ? C’est un défi qu’il ne relèvera que s’il est capable d’investir plus dans les systèmes de santé, notamment dans les ressources humaines en santé qui font tant défaut. Que s’il mobilise encore plus les populations, les organisations de la société civile. Que s’il plaide pour des services de santé appropriés à tous et toutes, dans le respect des droits humains fondamentaux, sans négliger les plus vulnérables tels que les enfants, ni les plus marginalisés. »
Éric Fleutelot, directeur technique du pôle Grandes pandémies, département Santé d’Expertise France