Renforcer les acteurs de la santé communautaire

La santé communautaire est le processus par lequel les membres d’un même groupe géographique, social et/ou économique expriment leurs besoins prioritaires de santé et participent à la planification, au déroulement, à la mise en œuvre et à l’évaluation des actions qui visent à y répondre. Elle se concrétise à travers des soins de proximité et adaptés aux besoins de la communauté concernée, qui participe activement à la gouvernance et au suivi stratégique des programmes de santé.

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L’Initiative s’inscrit dans les pas de la stratégie du Fonds mondial pour renforcer le leadership, la participation et les capacités des communautés qui sont touchées et qui luttent contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Les personnes impliquées dans un parcours de soins, les groupes clés ou vulnérables et les agents de santé communautaires sont les artisans de cette stratégie. Leur implication est fondamentale pour tisser des liens entre les individus, la société civile (ONG, organisations confessionnelles, associations de patients, etc.), les professionnels de santé, les autorités et les institutions publiques, mais aussi les bailleurs et partenaires internationaux. Les acteurs communautaires rendent possible l’accessibilité des soins à toutes et à tous, particulièrement aux populations clés, souvent victimes de stigmatisation, y compris dans les formations sanitaires.

L’approche communautaire de la santé permet de compléter l’offre médicale traditionnelle. Elle implique non plus de « faire pour » les personnes, mais « avec » elles. Par conséquent, la santé communautaire peut prendre plusieurs formes, toujours portées par la communauté de référence : groupes de réflexion, de travail, de sensibilisation, lieux d’accueil, projets de santé de proximité, etc. Elle est diverse, réfléchie et se déploie donc différemment selon chaque contexte.

  • Analyser la situation et/ou les besoins sanitaires de la communauté
  • Identifier le problème, choisir les priorités stratégiques
  • Définir les objectifs et activités, mobiliser les ressources pour améliorer la situation
  • Planifier, organiser, conduire et évaluer l’action

L’Initiative soutient les programmes de dépistage initiés par et pour les communautés exposées aux risques d’infection ou de transmission du paludisme, du VIH ou de la tuberculose. Ces démarches « d’aller vers » permettent d’élargir l’offre de prévention habituelle et de toucher des personnes parfois marginalisées et éloignées des soins. Elles permettent une meilleure prise en charge des infections sexuellement transmissibles, elles facilitent l’accès aux soins pour les usagers de drogues, elles représentent également une opportunité de sensibiliser les populations clés à leurs droits.

C’est dans ce contexte que SOS Pairs éducateurs et l’Association des Gestionnaires pour le Développement ont mis en œuvre en Mauritanie un projet de promotion de l’accès des populations clés à un dépistage du VIH de qualité à travers l’action communautaire. Soutenues par L’Initiative à hauteur de 284 000 euros, ces interventions ont été menées dans les régions de Nouakchott, de Nouadhibou et de Rosso, de 2019 à 2022. Elles ont permis de démontrer la faisabilité du dépistage démédicalisé du VIH auprès des populations clés, fait inédit en Mauritanie. À la suite de son efficacité démontrée, ce procédé a été inscrit dans le protocole national.

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La prophylaxie pré-exposition (PrEP) est un moyen efficace de réduire la transmission du VIH. Ce traitement préventif est recommandé par l’OMS pour toute personne présentant un risque élevé d’infection. Pourtant, bien que les femmes soient plus vulnérables au VIH, notamment en raison des inégalités persistantes entre les sexes, ce sont presque exclusivement les hommes qui bénéficient de la PrEP. C’est pourquoi L’Initiative soutient le projet « PrEP femmes » , mené par l’ALCS. La première phase est mise en œuvre au Mali, au Maroc et à l’île Maurice. Ce projet combine recherche, plaidoyer et actions pour évaluer les barrières à la PrEP rencontrées par les travailleuses du sexe, les femmes transgenres et les partenaires des consommateurs de drogues injectables. La première phase du projet a permis de collecter des données fiables auprès des populations clés, un point de départ essentiel pour développer un travail de plaidoyer et des plans d’action concrets . À terme, l’objectif est de faciliter l’accès effectif des femmes à ce traitement préventif, en permettant aux organisations impliquées dans le projet d’administrer directement le traitement.

Afin de donner les moyens aux OSC de s’investir dans les systèmes et les stratégies de santé, L’Initiative leur fournit une assistance technique de long terme destinée à consolider leurs capacités de gestion programmatique et financière. Ces actions visent à faire passer les OSC de récipiendaire secondaire à récipiendaire principal du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Ce changement de dimension nécessite une transformation profonde et un accompagnement sur mesure et de long terme des OSC. Pour encourager d’autres structures à se solliciter un appui, L’Initiative a produit un document de capitalisation à partir de l’expérience d’ARCAD Santé Plus. Association historique de la lutte contre le VIH-sida au Mali, ARCAD Santé PLUS a réussi avec succès sa transition pour devenir récipiendaire principal du Fonds mondial. Le document réunit 8 fiches explicatives des étapes à suivre pour réussir cette démarche.

À travers ses missions d’assistance techniques et de financement de projets, L’Initiative s’attache à amplifier la voix des représentants de la société civile, notamment des populations clés, dans les stratégies sanitaires locales. Il s’agit de faire entendre leur voix et d’identifier leurs besoins dans l’ensemble du processus de rédaction des demandes de financements du Fonds mondial, afin qu’ils soient concrètement pris en compte dans les programmes de santé. L’Initiative outille et sensibilise les experts qu’elle mobilise pour qu’ils veillent à inclure de manière effective les représentants des populations clés dans ce dialogue pays, et que les activités proposées soient bien retranscrites au moment de la rédaction des requêtes de financement. Un travail crucial pour donner les moyens aux OSC et aux populations clés de se faire entendre et de bénéficier de financements de manière pérenne. Cet engagement se concrétise à travers une série d’outils, d’études et de guides, accessibles à tous les experts nationaux et internationaux afin de diffuser ces bonnes pratiques dans tous les pays d’intervention de L’Initiative.

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L’Initiative propose une boîte à outils pour appuyer le travail des experts et garantir la prise en compte des besoins des communautés de façon équitable en matière de santé communautaire, genre et droits humains dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre des subventions du nouveau cycle de financement du Fonds mondial. Cette boîte à outils comprend notamment des documents pratiques, à l’usage des experts dans le cadre de leurs missions d’appui et des équipes nationales de rédaction, en vue de renforcer l’engagement envers les communautés.

Porter la voix des populations clés avec RIPOSTE

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Le projet multi-pays RIPOSTE est une concrétisation du positionnement de L’Initiative en faveur d’une meilleure reconnaissance des apports des travailleurs en santé communautaire et des populations clés. Ce vaste programme ambitionne de changer le statut de ces acteurs et de les faire passer de la posture de représentants à celle de contributeurs actifs aux stratégies de santé publique. Pour y parvenir, RIPOSTE s’appuie sur des « Riposteurs », c’est-à-dire des personnes issues des groupes de populations clés, basées dans des organisations à base communautaire dans les 4 pays ciblés par le projet.

Au Burkina Faso, par exemple, les populations clés ont renforcé leur rôle au sein de l’instance de coordination nationale des subventions du Fonds mondial (CCM). Ainsi, un groupe rédactionnel dédié a été mis en place pour préparer la demande de subvention, et la création de 80 postes de médiatrices et médiateurs spécifiques pour les populations clés a été acceptée, sur financement du Fonds mondial. Le projet RIPOSTE a également contribué à dynamiser le réseau des populations clés au sein du CCM Burundi : pour la première fois dans cette instance, des représentants d’organisations de populations clés ont pu prendre la parole à visage découvert. La prise en compte de leur plaidoyer a été renforcée grâce à l’inclusion d’un représentant des personnes usagères de drogues au sein du CCM et du comité de suivi stratégique de la subvention.