L’Afrique demeure le continent le plus touché par le paludisme. En 2020, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a enregistré 95 % des cas de paludisme et 96 % des décès dus à la maladie dans cette région du monde. Et pourtant, les financements stagnent et les systèmes de santé des pays touchés par le paludisme, déjà perturbés par la lutte engagée depuis trois ans contre la Covid-19, sont fragilisés par l’émergence de résistances aux traitements et aux insecticides. Face à la recrudescence du paludisme, la lutte contre la maladie continue. L’Initiative se mobilise auprès des acteurs dans plus de quarante pays.
Dans ce contexte, l’apparition de l’espèce de moustiques Anopheles stephensi en Afrique inquiète les spécialistes. Originaire d’Asie du Sud-Est, ce vecteur du paludisme résiste aux insecticides classiques et, contrairement aux anophèles africains, s’adapte particulièrement bien à l’environnement urbain. Selon une modélisation de 2020, l’espèce pourrait menacer jusqu’à 126 millions de personnes en Afrique si elle se propageait dans les grandes villes du continent. Le paludisme est une maladie potentiellement mortelle qui est transmise à l’être humain par les piqûres de certains types de moustiques. On le trouve principalement dans les pays tropicaux. Il s’agit d’une maladie évitable et dont on peut guérir. Via L’Initiative, Expertise France fait front pour lutter contre cette pandémie.
soutenus sur le triennat 2019-2022
menées sur le triennat 2019-2022
engagés sur des actions exclusivement dédiées à l’infection palustre
Se mobiliser à toutes les échelles contre le paludisme
Tous ces obstacles éloignent la communauté internationale de l’objectif défini par l’OMS de réduire d’au moins 90 % l’incidence de la maladie et la mortalité palustre entre 2015 et 2030.
Aux côtés du Fonds mondial et de ses partenaires dans les pays, Expertise France, via L’Initiative, fait front en apportant assistance technique et appui à l’innovation dans les pays partenaires, notamment pour renforcer l’impact des programmes financés par le Fonds mondial. Portés par des instituts de recherche, des ONG locales ou des institutions gouvernementales, ces programmes déploient sur le terrain les outils et stratégies de prévention recommandés par l’OMS pour lutter contre la maladie : distributions de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action et/ou pulvérisations intradomiciliaire à effet rémanent dans la lutte antivectorielle, accès rapide aux tests de diagnostic en cas de suspicion du paludisme et traitement des cas confirmés par des médicaments antipaludiques.
D’autres projets appuyés par L’Initiative ont trait aux recommandations de l’OMS pour les populations vulnérables, notamment le traitement préventif intermittent chez la femme enceinte et chez le nourrisson. Le paludisme frappe en effet plus durement les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans en raison de la faiblesse de leur système immunitaire : un enfant meurt toutes les deux minutes à cause du paludisme dans le monde, et ce presque exclusivement en Afrique. Enfin, la chimioprévention du paludisme saisonnier, recommandée depuis dix ans, s’est avérée efficace, peu coûteuse, sûre et réalisable en vue de la prévention du paludisme chez des enfants de moins de cinq ans en zones de forte transmission saisonnière du paludisme.
Saisonnières et saisonniers itinérants et paludisme en Éthiopie
En Éthiopie, les saisonnières et saisonniers itinérants, pourtant particulièrement exposés au paludisme, ne sont pas pris en compte dans les actions de lutte contre la maladie. L’organisation éthiopienne Health, Development and Anti-Malaria Association (HDAMA) et Malaria Consortium, ont conçu un projet pour répondre aux besoins de ces travailleurs et de ces travailleuses.
Agents de santé communautaire dans le Grand Mékong
Malgré une diminution nette de l’incidence du paludisme entre 2012 et 2015, le parasite a développé des résistances. Financée par une subvention du Fonds mondial dont L’Initiative est partenaire, l’Initiative régionale contre les résistances à l’artémisinine (RAI) s’appuie sur un réseau d’environ 40 000 agents de santé communautaires pour lutter contre cette pharmacorésistance dans les villages et zones rurales et forestières de la région.
De l’importance de la recherche contre le paludisme
Par ailleurs, la recherche avance. Récemment, l’OMS a annoncé recommander un vaccin pour les enfants à risque pour le paludisme. Connu sous le nom de RTS,S, ce vaccin est déployé actuellement dans trois pays d’Afrique subsaharienne. Encore faut-il que l’engagement financier soit à la hauteur des enjeux de santé publique en matière de renforcement des systèmes de santé dans les pays à forte incidence et de mobilisation communautaire pour accompagner les populations vulnérables. Sans ce préalable indispensable, tous ces outils ne peuvent avoir qu’un impact limité.
En outre, comme le parasite du paludisme évolue et que la pharmacorésistance augmente, il convient de développer d’autres approches et de nouveaux outils. C’est pourquoi L’Initiative poursuit son engagement en faveur de la recherche opérationnelle et lance depuis 2018 un appel à propositions annuel spécifique pour appuyer les acteurs de la recherche. La recherche opérationnelle est un élément fondamental afin de mettre fin aux grandes pandémies. Elle permet entre autres de tester des approches novatrices dans en matière de prévention, de dépistage et de suivi des personnes et elle contribue à faire émerger des stratégies de riposte plus efficaces.
L’Initiative et la recherche opérationnelle sur le paludisme
Face aux défis posés par l’évolution du parasite et l’augmentation de la pharmacorésistance, des outils et méthodes inédits doivent être mis en place. En évaluant de nouvelles interventions dans la riposte aux pandémies, les programmes de recherche opérationnelle produisent des données qui encouragent le passage à l’échelle.
Anophele stephensi, nouveau vecteur du paludisme en Afrique
L’Anophele stephensi gagne du terrain en Afrique. Cette espèce jusqu’alors jamais vue sur ce continent est porteuse des deux souches les plus mortelles des parasites responsable du paludisme. Elle est apparue dans la Corne de l’Afrique en 2012 à Djibouti, alors que le pays qui s’apprêtait à éradiquer la maladie. Depuis, l’Anophele stephensi a été repérée en Éthiopie, au Soudan, en Somalie, au Nigeria et au Kenya.